LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1914 ● Décès de Fernand Anginieur, officier et explorateur

Claude Marie Charles Fernand Anginieur est né le 15 décembre 1868 à Lyon, dans une famille de commerçants aisés qui possédait depuis 1855 le domaine de La Creuzille dans la commune de Millay (Nièvre). Plus tard, la famille a acquis le château de Magny, tout proche du précédent domaine. En 1885, Fernand Anginieur y réside. Il est adhérent de la Société éduenne. Le 24 octobre 1888, il signe à la mairie d’Autun, sous l’autorisation de son père, un acte d’engagement volontaire à l’École spéciale militaire (Saint-Cyr). En 1900, le lieutenant Anginieur fait partie du corps expéditionnaire français en Chine (guerre des Boxers). Trois ans plus tard, il bénéficie d’une longue période de congé afin d’effectuer un voyage d’exploration. Il semble que ce voyage ait eu à la fois des buts scientifiques (exploration de contrées mal connues, repérage d’itinéraires commerciaux) et militaro-diplomatiques (étude de la lutte d’influence entre les empires russe, chinois et britannique pour le contrôle de l’Asie Centrale).

Fernand Anginieur se rend d’abord en Turquie, dont il traverse la partie orientale. À Tiflis (capitale de la Géorgie, actuelle Tbilissi), il rencontre un voyageur américain avec lequel il va effectuer un long voyage : Oscar Terry Crosby, originaire de Louisiane, ingénieur de l’entreprise électrique Sprague. Crosby a déjà exploré l’Ethiopie et le Soudan ; il s’intéresse aux cultures anciennes de la Perse et de l’Inde. De juillet à octobre 1903, les deux hommes parcourent successivement le Turkestan russe, le Turkestan chinois (Sin Kiang), le Petit Tibet (Ladakh) et le Cachemire. Fernand Anginieur effectue deux autres grands voyages : en 1909, en Perse et Mésopotamie ; en 1911 au Maroc. Les différentes missions qu’il a accomplies, y compris son séjour chez son ami Crosby aux Etats-Unis, ont intéressé les services militaires et diplomatiques.

Au début de la Première Guerre mondiale, Fernand Anginieur est capitaine de la 7e Compagnie du 22e Régiment d’Infanterie. Blessé au combat du col du Haut-Jacques dans les Vosges  le 6 septembre 1914, il décède à l’hôpital de Bruyères le lendemain. – PV

Fernand Anginieur, En Asie Centrale : Turkestan, Thibet, Cachemire, Paris, E. Leroux, 1903. Les archives du ministère des Affaires étrangères conservent un important dossier concernant les missions de Fernand Anginieur : M.A.E., série : papiers d'agents, archives privées, sous-service 026-BONIN, vol. 18. - Dossier du capitaine Anginieur, Service historique de l'armée de terre, Vincennes.