Bien qu’ayant fait toute sa carrière à Dijon, le dignitaire que fut « l’abbé Fyot », comme il signait, est un représentant éminent du clergé gallican au siècle de Louis XIV, qu’il traversa de part en part et même un peu davantage, en lien avec les meilleurs esprits du royaume. Fils d’un président au parlement, né en 1630, Claude Fyot conquit ses grades en théologie aux Godrans. On dit que le jeune roi, de passage à Dijon, assista, en 1650, à la soutenance des « Conclusions sur l’Eucharistie » que Fyot lui dédia à l’occasion de sa première communion. On le retrouve en tout cas parmi les aumôniers ordinaires du roi dès l’année suivante, avant de recevoir le prestigieux bénéfice de Saint-Étienne de Dijon en 1662. Fyot joua un rôle majeur dans la phase séculière de cet établissement, ne se contentant nullement d’être un commendataire lointain. Abbaye de chanoines réguliers du XIIe au début du XVIIe siècle, Saint-Étienne avait été transformée en collégiale séculière. Ce fut l’occasion d’une restauration générale des bâtiments, à laquelle Fyot présida et qui fut sanctionnée par la dédicace de la nouvelle église le 5 août 1685. Cette entreprise matérielle se doubla d’un grand projet mémoriel, concrétisé par la publication, en 1696, d’une monumentale Histoire de l’église abbatiale et collégiale de Saint-Estienne de Dijon, offerte au roi par son signataire en une adresse initiale dont la servilité étonnera les modernes. Signataire et non auteur car, ainsi que l’avis au lecteur le reconnaît à demi-mot, tout le travail revient au carme André de Saint-Nicolas. Le projet est particulièrement ambitieux : bien que l’ouvrage soit décrit comme « le plus court qu’on a pu », il représente 330 grandes pages de texte suivies de 371 pages de preuves, destinées à établir que « l’Église-Mère de Dijon » est riche d’une histoire si complète qu’« on trouve en cette église l’idée presque de toutes les autres ». Si Fyot n’écrivait pas lui-même, il aimait les livres, puisqu’il racheta en 1672 l’ensemble de la bibliothèque de l’illustre Godeau, évêque de Vence. Portraituré par Mignard, célébré en vers latins par Santeul, il vécut très longtemps à l’ombre de sa chère abbaye, au chœur de laquelle on l’enterra au printemps 1721, au moment même où Martin de Noinville achevait la reconstruction de la façade. – AR
Philibert Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, t. 1, p. 223 ; – V. Meyer, Pour la plus grande gloire du roi : Louis XIV en thèses, Rennes-Versailles, 2017, p. 53-54.