LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1821 ● Décès de Claire de Rémusat, mémorialiste

Claire Gravier de Vergennes, dite Clary, naquit à Paris le 5 janvier 1780 dans une famille bourguignonne en plein essor social depuis que le comte de Vergennes avait été promu ministre des Affaires étrangères (1774-1787).

 

Son père, Charles, neveu, filleul et créature de celui-ci, connut une ascension fulgurante – conseiller au parlement de Bourgogne (1775), maître des requêtes de l’Hôtel du roi (1777), intendant d’Auch et de Pau (1782), et enfin intendant au Département des impositions à Paris (1784). Toutefois, la mort de son oncle sonna le glas de ses ambitions, et malgré son choix de servir la Révolution à ses débuts, il tomba de disgrâce en tragédie : en mars 1794 il fut incarcéré avec son père, ci-devant marquis et ex-ambassadeur. Faussement accusés d’émigration, ils furent rondement guillotinés trois jours avant la chute de Robespierre. « Hélas ! s’exclamera Mme de Rémusat, depuis que j’étais en âge de regarder autour de moi, je n’avais vu que des scènes publiques de terreur et de désolation. » Deux anges gardiens allaient se pencher sur cette destinée bouleversée. Les biens paternels ayant été saisis, Mme de Vergennes se réfugia avec ses deux filles à Saint-Gratien : un ami tutélaire, ancien avocat général de cour souveraine, lui aussi veuf et proscrit, les y accompagna. Dix-huit mois plus tard, à seize ans, Clary épousait ce M..de Rémusat, qui avait deux fois son âge : l’union, forgée au creuset du malheur, fut si harmonieuse qu’aucune ombre ne parviendra à l’obscurcir.

Mme de Vergennes avait naguère été liée avec Joséphine de Beauharnais, dont le mari fut guillotiné un jour avant le sien. Aux prises avec bien des soucis, elle renoua avec celle qui était à présent la générale Bonaparte. Justement, le futur Napoléon cherchait à policer les mœurs de son entourage issu de l’Armée et de la Révolution : les Rémusat avaient gardé le bon ton de l’Ancien Régime. Ils hésitèrent à rompre avec leur milieu d’origine, mais, notera Clary, « en révolution, qui peut se flatter d’avoir toujours suivi la voie droite ? Qui d’entre nous ne doit pas rapporter à différentes circonstances une part de sa conduite ? » M. de Rémusat fut donc préfet du Palais, premier chambellan de l’empereur, maître de sa garde-robe, surintendant des théâtres, et fut fait comte en 1808. Clary devint en 1804 dame du Palais de l’impératrice. On doit à sa plume alerte et réfléchie des Mémoires sur cette période et un Essai sur l’éducation des femmes que les siens publieront après sa mort, survenue à Paris le 16 décembre 1821. – BC

 

Mémoires de Madame de Rémusat, 1802-1808, publ. Par son petit-fils Paul de Rémusat, Calmann Lévy, 1880, 422 p. (Accessible sur Gallica)