Charles Surugue est né le 16 janvier 1839 à Coulanges-sur-Yonne où son père était marinier. Il a 17 ans quand il entre au service de compagnies pour des études et travaux des chemins de fer de Lyon à Roanne puis d’Arras à Calais. De 1861 à 1875, il est conducteur des ponts et chaussées dans le Pas-de-Calais. En 1870, il est à l’armée du général Faidherbe et notamment employé à la mise en état de la place d’Arras sur les arrières de l’armée du Nord. En 1875, il est agent-voyer en chef dans le département de la Dordogne. Il arrive dans l’Yonne en 1880 dans les mêmes fonctions.
Élu maire d’Auxerre en 1900, il lance de nombreux travaux comme la construction d’écoles primaires, d’une maison du peuple pour les associations ouvrières et les syndicats ; il imagine la passerelle sur l’Yonne. Le marché couvert est inauguré le 4 septembre 1904 par le président du Conseil Émile Combes. Son discours, qui annonçait la loi de séparation des Églises et de l’État eut un écho immédiat dans la presse nationale. En 1906, le conseil municipal passe commande à Émilie Desjeux d’un tableau représentant Combes prononçant son discours (cf les Célébrations de Bourgogne 2011, p.58).
Surugue, également conseiller général du canton de Coulanges-sur-Yonne, quitte la mairie d’Auxerre en 1912. En 1915, à 76 ans, poussant le patriotisme à son plus haut niveau, il s’engage comme sapeur de 2e classe au 8e génie. Il travaille jour et nuit sous le feu de l’ennemi. Cité à l’ordre de l’armée, il reçoit la croix de guerre. D’abord promu caporal, on le retrouve sergent au 3e corps d’armée en Lorraine, en première ligne pour reconstruire des routes, des ponts, rétablir des voies ferrées. Deux fois encore cité, Charles Surugue, toujours exposé, est nommé sous-lieutenant, puis lieutenant en 1918. Lorsqu’il revient à Auxerre, il est acclamé : c’est le plus vieux combattant de la Grande Guerre. Déjà chevalier de la Légion d’honneur à titre civil, il le devient à titre militaire, est promu officier en 1919 et réélu maire la même année. Il décède à Paris le 24 avril 1921 ; ses obsèques sont célébrées à Auxerre. Après une souscription nationale, Jean Roché, originaire de Charny, réalise un monument à Charles Surugue, inauguré en 1930, et actuellement placé boulevard de la Chaînette. – MP