Né le 3 juin 1773 à Dijon, Charles-Bernard Desormes fit partie de la première promotion (An III, 1794) de l’École centrale des travaux publics, future École polytechnique. Aide-préparateur de chimie à l’École, il devint répétiteur sur le cours de Guyton-de-Morveau jusqu’en 1804. En 1806, avec son gendre, Nicolas Clément (Dijon, 1778-1841), il monta une grande manufacture d’alun à Verberie (Oise) et montra aussi avec Clément que le lapis lazuli de couleur bleu outremer ne contenait que de la silice, de l’alumine, de la soude et pas de fer, ce qui ouvrit la voie à une synthèse artificielle. Guyton de Morveau ayant recommandé à Desormes le jeune salpêtrier Bernard Courtois qui venait de découvrir l’iode, par manque de temps et d’argent, celui-ci en laissa l’étude à Desormes et à Clément qui publièrent les recherches en 1813. Charles Desormes s’intéressa ensuite aux piles sèches et devint en 1819 correspondant de l’Académie des sciences. ll fit ensuite de la politique, fut maire de Verberie (1821-1826) puis conseiller général de l’Oise et de nouveau maire de Verberie (1831-1840, 1843-1851), député à l’Assemblée constituante (républicain) en 1848. Opposé à Louis-Napoléon Bonaparte, il vota contre l’abolition de la peine de mort, contre l’impôt progressif, pour la suppression complète de l’impôt du sel, pour l’abolition de l’impôt des boissons… Il décéda à Verberie le 30 août 1862.
Son nom est le plus souvent associé à celui de son gendre sous la forme Clément-Desormes ; il est parfois difficile de séparer l’action des deux. La méthode de Clément et Desormes est connue de tous les physiciens pour mesurer le rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz sous pression constante C et à volume constant c. Dans l’appareillage proposé, un grand ballon est muni d’un robinet très large qui communique avec l’air extérieur ; il porte en outre un tube latéral raccordé avec un manomètre à eau ou à acide sulfurique. On commence par faire un vide partiel dans le ballon. En ouvrant ensuite le robinet pendant un temps très court, on laisse rentrer l’air jusqu’à rétablissement de la pression atmosphérique ; le gaz qui était dans le ballon est alors comprimé et la température s’élève. Le robinet étant refermé, peu à peu, le ballon revient à la température ambiante. On peut alors calculer la compression et l’augmentation de température que l’air a éprouvées.