LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1968 ● Décès d’André Deslignères, graveur

André Deslignères est né le 25 septembre 1880 à Nevers. Sa famille s’installe à Paris, ce qui lui permet d’intégrer l’école Germain Pilon et de se perfectionner dans les techniques du dessin. Il débute sa carrière professionnelle de dessinateur dans une manufacture de passementeries du Nord où il crée des modèles de tulles et de dentelles. Il revient ensuite à Paris travailler chez un bijoutier.

Parallèlement, André Deslignères s’exerce à la gravure sur cuivre et signe en 1898 ses premières créations sous le pseudonyme de « Deling ». Il présente des eaux-fortes, dont  Le Sabotier nivernais  à divers salons. En 1910, il réalise ses premiers bois gravés. Au cours de la première guerre mondiale, Deslignères est mobilisé au 267e régiment d’infanterie. Après le Chemin des Dames et Verdun, il est cité à l’ordre de la division en août 1918. Il participe à la publication du journal de son régiment Marmita : revue littéraire anecdotique, humoristique et littéraire du 267e . La guerre le marque profondément comme d’autres artistes de sa génération et lui permet de connaître sa première expérience en tant qu’illustrateur. Un frontispice d’André Deslignères, gravé sur bois, représentant un soldat assoupi dans une tranchée, illustre le troisième recueil de Paul Eluard, Le Devoir et l’Inquiétude.

Revenu à Paris en 1918, il entre brièvement au service d’un architecte, avant de s’installer dans un atelier boulevard de Clichy. L’inspiration de Deslignères prend matière dans le monde des travailleurs, un monde qu’il connaît : artisans, tâcherons, paysans. Mais c’est aussi un artiste qui sait transcrire ses impressions recueillies au cours de ses voyages, notamment en Bretagne. Autre source d’inspiration pour Deslignères, les nus, aux ombres nettes, traités avec beaucoup de relief et parfois une certaine audace. Deslignères participe régulièrement aux grands salons parisiens. Il connaitra une belle carrière d’illustrateur, participant à la réalisation de plus de quarante ouvrages entre 1920 et 1930.

En 1925, André Deslignères s’installe à Epiais-Rhus, en Seine-et-Oise, un petit village qui l’inspire particulièrement. En 1930, il entreprend pour la première fois l’édition complète d’un livre,  La Luciade ou l’âne, traduit de Lucius de Patras, sous son propre label, les Éditions de l’Ours, symbolisant ainsi son esprit d’indépendance artistique. Le tirage n’est que de trente-deux exemplaires numérotés. Il renouvelle l’expérience en 1938 avec Le Monologue du Bon Vigneron, précédé du Discours Joyeux en Façon de Sermon par Maistre Jean Pinard, évoquant toutes les facettes du métier de vigneron par ses bois gravés. Enfin il réalise une dernière édition en 1952 avec l’Abécédaire.

Tout au long de sa vie, André Deslignères est resté attaché à la Nièvre, rendant régulièrement visite à ses amis et prenant la présidence du Groupe d’émulation artistique du Nivernais de 1926 à 1964. Il participe aux publications du Groupe et s’essaye même à la décoration de la faïence. André Deslignères meurt le 18 décembre 1968 à Marines, dans le Val-d’Oise, où il est enterré.

André Deslignères, peintre et graveur, exposition, Bibliothèque municipale, 2009, cat. Jean-François Lefébure, Jean-Louis Montarnal et Jean-Michel Roudier, Bibliothèque et Société Académique du Nivernais, 2009, 151 p., ill.