LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1962 ● Décès d’Adolphe Chauve-Bertrand, exégète du calendrier

Né en 1877 à Chevannes-Changy (Nièvre), François, Adolphe Chauve, qui ajouta à son nom Bertrand, patronyme de sa mère, eut un parcours original que le Père Robert Levet ordonne autour de trois points : « un homme qui a eu beaucoup de difficulté à trouver sa place dans l’Église, un militant de la réforme du calendrier, un apôtre de la fraternité universelle ». Après des études au petit séminaire de Pignelin, il quitta en 1898 le grand séminaire pour entrer au noviciat des Assomptionnistes, puis l’année suivante à l’abbaye bénédictine de Ligugé où, à sa demande, il fut frère convers, jardinier. À la suite de la loi de 1901 sur les congrégations, sa communauté fut expulsée en Belgique. Comme il ne souhaitait pas devenir moine, il partit en 1907 à l’abbaye de Silos en Espagne, auprès du Père abbé dom Guépin, qui « travaille à un projet de refonte du calendrier ecclésiastique et à la réforme de l’ordre bénédictin ». Il fut finalement ordonné prêtre en 1910, non sans difficulté, avec l’accord de l’évêque de Nevers. En 1914, il rentra en France, mobilisé comme simple soldat, puis comme aumônier militaire. En 1919, de retour en Nivernais, il fut nommé curé de Thianges puis de Saint-Révérien (de 1922 à 1953) puis il se retira à Corbigny. Chevalier des palmes académiques, il mourut le 29 novembre 1962 à Corbigny et fut inhumé à Saint-Révérien. Ses recherches sur un calendrier universel l’occupèrent dès 1913 : La question du calendrier (La Renaissance du livre, 1921), ouvrage de synthèse, le fit reconnaître comme expert dans le monde entier, la Société des Nations puis l’ONU soutinrent son projet de réforme : un calendrier perpétuel, où les années sont identiques et les trimestres égaux. Cette question est abandonnée en 1956 à cause de l’opposition des États-Unis, ce qui est pour l’abbé Chauve-Bertrand une vive déception. Il chercha aussi à stabiliser la date de Pâques et à fixer les dates mobiles du calendrier liturgique, projet qui n’aboutit pas. Parallèlement, il s’intéressait à la fraternité universelle, notamment dans Le règne du Frère (Alcan 1936) dont des éditions parurent sous le pseudonyme de Fr. Coberthrambe. Certaines de ses positions doctrinales ont été critiquées par l’Église.

Robert Levet, “L’abbé Adolphe Chauve-Bertrand, un curé de Saint-Révérien connu dans le monde entier”, Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, t. 52, 2003, p.261-282.