Un cours public de dessin créé à Dijon en 1727 par le peintre Philippe Gilquin (1680-1761), ne semble pas avoir connu de succès. Cette idée est reprise vers 1764 par le peintre François Devosge (Gray, 1732 – Dijon, 1811). Renonçant à une carrière parisienne lorsqu’il est appelé à Dijon par son mécène, Philibert Fyot de la Marche, il institue une école gratuite de dessin, rue Chanoine (au numéro 30 de la rue Jeannin actuelle) à Dijon. En 1766, Devosge, soutenu par Bénigne Legouz de Gerland, propose la création d’une école de dessin pour les artistes et les « gens des métiers d’art ». Cette idée reçoit l’approbation des états de Bourgogne. L’École, une des premières en France, ouvre le 24 mars 1767. Elle est dotée d’un règlement. Les honoraires de Devosge, qui en est nommé directeur et unique professeur, sont fixés à 1800 livres, « à charge pour lui de payer le modèle et le concierge, de fournir les poêles, le bois, les chandelles, la lampe académique (sic), tous les meubles de l’école, les dessins et modèles, figures et bas-reliefs en plâtre » destinés aux études de deux cents élèves environ. En 1768, Legouz de Gerland fait accueillir le peintre dans les rangs de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon et institue trois prix décernés par cette institution pour récompenser les élèves de l’École de dessin, placée sous la protection du prince de Condé, gouverneur de la Bourgogne.
En 1775, à l’instar de l’Académie de France, les états accordent une pension de 600 livres pour ceux qui ont été admis à un concours, pour un séjour à Rome pendant quatre ans. Le pensionnaire est tenu à un « envoi » : copie d’un tableau, d’une statue d’après les modèles antiques ou de la Renaissance, qui prendra place dans le nouveau Muséum, préfiguration du musée des beaux-arts. Un des plus remarquables de ces envois est le tableau qui orne le plafond de la salle des statues, La Glorification de la Bourgogne, par Prud’hon, copie du plafond du palais Barberini. Gagnereaux, Naigeon, Rude, figureront parmi les autres pensionnaires célèbres. L’École est installée dans la galerie de Bellegarde du palais des Ducs, puis dans la salle des Festins, actuelle salle de Flore. Après la construction de l’aile orientale du palais, trois salles lui sont affectées en 1785, en lien avec le Muséum, comprenant une salle de travail, un salon du modèle et un cabinet pour le professeur. Après avoir plusieurs fois changé de nom en 1790, École départementale, puis en 1795, classe de dessin de l’École centrale et enfin en 1802, École spéciale de dessin, l’école emménage en 1806 dans l’ancienne chapelle du collège des Godrans, puis revient en 1832 au palais des états jusqu’en 1903. Ses tribulations prendront fin avec la création dans l’ancien palais abbatial, puis évêché de Dijon, de l’École nationale des beaux-arts rue Michelet, actuelle École nationale supérieure d’art (Ensa).
Marcelle Imperiali, François Devosge, créateur de l’École de dessin et du musée de Dijon, 1732-1811, Dijon, Comité départemental pour l’histoire économique de la Révolution française, 1927, 108 p. (« La Révolution en Côte-d’Or », 3) ; - Pierre Quarré, L'Académie de peinture et sculpture de Dijon : une école provinciale de dessin au XVIIIe siècle, exposition, Musée des Beaux-Arts de Dijon, 1961, 66 p. -XXIV pl. ;- Académie/Académies, Apprendre à dessiner dans l’Europe des Lumières : l’École de dessin de Dijon, Université de Bourgogne, Centre Georges Chevrier, 2014 ; http://tristan.u-bourgogne.fr/Academie/accueil/accueil.html