Lorsque le duc Cosimo Primo de Medici (1519-1574) commande, en 1563, au moine dominicain et mathématicien Ignace Danti (1536-1586) la réalisation d’un ensemble de cartes murales peintes sur les murs d’un des appartements du Palazzo vecchio, c’est pour s’offrir une collection originale et montrer son ouverture sur une science en plein développement : la géographie. Pour nous autres contemporains, c’est surtout l’occasion de voir la façon dont le puissant duc florentin pouvait s’imaginer la Bourgogne au travers de l’observation de la carte de la Francia. Sur un fond jaune olivâtre se détachent en lettres rouges les noms des différentes provinces composant le royaume de France. Outre Bourgogne, apparaissent également Bresse, Puisaye, Nivernois, toutes terres constituantes de la Bourgogne contemporaine. Le choix des communes et des cours d’eau appelés à figurer sur la carte et leur positionnement peuvent nous surprendre. Certes la Saône, le Doubs et la Loire sont bien présents et suivent un tracé assez correct mais, au niveau du bassin de la Seine, rien ne va plus : l’Yonne passe par Vézelay, la Seine passe à Dijon et prend sa source aux confins du Morvan ; quant aux villes, disons qu’elles ne sont pas toujours bien situées : Dijon se trouve au sud de Verdun-sur-le-Doubs ! En revanche, nous voyons apparaître de bien modestes communes comme Decize ou le « Port de Gouin », qui est Digoin. Cette dernière approximation est riche d’enseignement : elle permet de rappeler le rôle essentiel de cette bourgade ligérienne pour la Bourgogne dont elle est le port sur la Loire.
Philippe Ménager, Fleuves et rivières de Bourgogne, Viévy, l’Escargot savant, à paraître.