LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1820 ● Becquey réveille les canaux bourguignons

À la veille de la Révolution française, pas moins de quatre canaux étaient en cours de percement dans ce qui constitue l’actuelle Bourgogne. Si les canaux du Charolais, devenu canal du Centre, et de Franche-Comté (tronçon de l’actuel canal Rhin-Rhône compris entre Saint-Symphorien-sur-Saône et Dôle) furent respectivement ouverts à la navigation en 1793 et 1794, ni le canal de Bourgogne ni celui du Nivernais ne furent achevés au cours de la période révolutionnaire.

Pire, les ouvrages déjà construits se détérioraient sans qu’on intervînt, bien que Napoléon Ier envisageât de relancer le percement de canaux en 1806.

En 1820, Louis Becquey, directeur des ponts et chaussées ayant quasiment fonction de ministre, publie son Rapport au roi sur la navigation intérieure de la France. Son discours tient en deux grandes lignes, d’une part achever les canaux débutés sous l’Ancien Régime et l’Empire et d’autre part en créer de nouveaux, complémentaires. Concrètement, pour la Bourgogne, cela signifie reprendre les travaux de percement des canaux de Bourgogne et du Nivernais et percer un nouveau canal doublant la Loire de Digoin à Briare, afin que le fleuve ne soit plus une difficulté pour les bateaux naviguant sur les canaux du Centre et de Briare.

Reste à financer ces entreprises. Becquey propose que l’État conserve la maîtrise d’ouvrage (les ingénieurs des ponts et chaussées réalisent les plans et dirigent les chantiers) mais que le financement des travaux soit privé. Les compagnies avançant les capitaux en touchent les intérêts mais deviennent également concessionnaires desdits canaux pour une période de 50 ou 99 ans. Les propositions de Becquey furent bien accueillies par Louis XVIII et les choses se mettent en place par les lois du 5 août 1821 et du 14 août 1822. Le canal de Bourgogne passe sous la coupe de la Compagnie Hagerman, le canal du Nivernais sous celle de la société fondée par les banquiers Cottiers, Lafitte et Perière. Quant au canal Latéral à la Loire, c’est la compagnie des Quatre Canaux (où l’on retrouve Cottiers) qui finança son percement

Philippe Ménager, Les canaux bourguignons : histoire d’un patrimoine, Viévy, L’Escargot savant, 2009, 416 p., ill.