LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1870 ● Oriflamme du ballon monté Le Davy

Au début du siège de Paris par les Prussiens, en septembre 1870, l’État décida de fabriquer des ballons montés pour envoyer du courrier civil ou militaire et transporter parfois des membres du gouvernement vers la province. Ce type de ballon, muni de l’appareillage nécessaire : soupape, ancre, sacs de lest et composé d’une enveloppe contenue dans un filet en corde de chanvre goudronné relié à une nacelle en osier, contenait 4 personnes. Une oriflamme en percaline vernie, peinte au nom du ballon, était attachée à la nacelle. 66 ballons environ s’envolèrent de Paris du 23 septembre 1870 au 28 janvier 1871.

Si la plupart furent détruits afin de les soustraire aux Prussiens, quelques éléments sont encore visibles, dont une oriflamme, conservée dans la mairie de Fussey. Elle appartenait à un ballon fabriqué dans les ateliers de l’aéronaute Eugène Godard, gare d’Orléans (gare d’Austerlitz). Poussé par des vents contraires, après son survol au-dessus des combats de Nuits-Saint-Georges le 28 novembre 1870, il termina sa course à Fussey. Les habitants, venus courageusement à la rescousse des pilotes, attachèrent la nacelle à un arbre pour éviter que le ballon ne reparte vers les lignes ennemies et détruisirent l’enveloppe du ballon. La nacelle disparaîtra après avoir été emportée à Beaune.

Seule, l’oriflamme, donnée par les pilotes pour remercier les habitants de Fussey qui les avaient sauvés des Prussiens, est là pour témoigner de cette aventure extraordinaire. Coupée dans de la toile de coton teinte en bleu, enduite à l’huile de lin, mesurant 5,92m sur 58 cm, elle porte l’inscription peinte au pochoir, en blanc, ombrée de rouge, Le Davy, du nom du chimiste anglais, découvreur de l’acétylène en 1836. Les inscriptions « Liberté, Égalité, Fraternité et Tombé à Fussey le 18 Xre 1870 », ont été peintes postérieurement à l’atterrissage, comme en témoignent la couleur rouge et le tracé des lettres au pochoir utilisés pour marquer les tonneaux. L’oriflamme, classée monument historique au titre objet le 7 avril 2014 en raison de son caractère unique, a été restaurée en 2015.

Justin Ledeuil d’Enquin (J.), Les ballons de la Défense nationale : le Davy, tombé à Fussey (Côte-d’Or), Beaune, 1894, p. 8-13 ; - Bernard Sonnet, « L’oriflamme d’un ballon monté en 1870, le Davy, à Fussey », Regards sur les objets de la mémoire, actes du colloque de l’Association des conservateurs des antiquités et objets d’art de France, La Roche-sur-Yon, 1er-3 oct. 2015, dir. Julien Boureau, Arles, Actes sud, 2016, p. 63-67.