LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1868 ● Décès de Pierre Toussaint Thévenot, premier directeur de l’école normale d’instituteurs de Dijon

Pierre Toussaint, fils de Nicolas Thévenot, cabaretier au faubourg Notre-Dame, et d’Anne Catherine Lebrun, est né le 10 brumaire an XIV (1er novembre 1805) à Chaumont. Après de bonnes études au collège royal de sa ville, il obtient son baccalauréat ès-lettres et s’engage dans l’enseignement.

Le gouvernement de Charles X déplore le médiocre niveau des maîtres d’école. Aussi l’ordonnance du 21 avril 1828 prévoit l’organisation de « classes normales » pour la formation des instituteurs dans chaque département. Le recteur de l’académie de Dijon, Nicolas Berthot, ancien président de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, s’engage résolument. Avec l’appui du préfet, il convainc la ville et le Conseil général de l’intérêt de créer une école normale primaire à Dijon. Les locaux sont trouvés dans les bâtiments de l’ancien collège des Godrans, 29 rue du Petit-Potet, qu’il convient cependant de rénover. Nicolas Berthot élabore un règlement qui est approuvé par le ministre de l’instruction publique au début de l’année 1829. Reste à trouver un directeur compétent.

Pierre Toussaint Thévenot est alors régent au collège de Saint-Dizier « où il s’était fait remarquer depuis cinq ans par un zèle et une conduite dignes des plus grands éloges », écrit Berthot. La Haute-Marne relève alors de l’Académie de Dijon et le recteur connaît bien ce jeune homme de 24 ans, « intelligent, actif et instruit […] ses mœurs pures et sa véritable piété ». Le recteur et le préfet se mettent d’accord pour proposer au ministre sa nomination qui est approuvée en septembre 1829. L’École, parmi les premières du royaume, ouvre sous sa direction le 16 novembre 1829. Mais le recteur Berthot veille attentivement, dans « son » École, au respect du règlement, de l’organisation administrative et pédagogique qu’il a conçus, fût-ce en ignorant les changements que Guizot voudra introduire sous la Monarchie de Juillet.

Pierre Toussaint Thévenot s’installe définitivement à Dijon et se marie le 7 septembre 1831 avec Pauline Philippine Violle, issue de la bonne bourgeoisie dijonnaise. Nicolas Berthot est son témoin.

Le recteur a façonné à ses conceptions et ses méthodes aussi bien l’École que son premier directeur. Thévenot semble s’être accommodé de son interventionnisme. Chargé aussi de l’intendance, il n’a jamais cessé d’enseigner, en particulier les mathématiques et les sciences naturelles. Les distinctions qu’il obtient (officier de l’Instruction publique et officier de la Légion d’honneur) montrent qu’il accomplit parfaitement sa mission, bien après le départ de Berthot en 1848. Les gouvernements peuvent compter sur son dévouement. Veuf de sa femme Pauline, il décède à 63 ans le 27 novembre 1868 dans son logement de fonction. Sur sa tombe, on entendit vanter ses « dons précieux du cœur qui faisaient de lui le plus aimant comme le plus aimé des maîtres ». Mathurin Moreau a réalisé son buste que Vichy fera fondre en 1942. Il a été réédité.

Daniel Breuil, Hier l’Ecole normale sous l’aile de Pierre-Tousssaint Thévenot, 1829-1868 – Amicale des anciens et anciennes élèves et personnels des écoles normales de Dijon et de l’IUFM, 2006, 227 p.