LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1912 ● Naissance d’Otto de Habsbourg-Lorraine

Étonnant destin pour ce fils d’archiduc qui voit le jour le 20 novembre 1912 à Reichenau, dans un empire d’Autriche où règne encore le vieil empereur et roi de Hongrie François-Joseph, monté sur le trône impérial en… 1848. L’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo, qui déclenche le conflit, fait de son père Charles le prince héritier, puis l’empereur Charles 1er en 1916 : le petit Otto assiste aux fastes du couronnement de ses parents, à Budapest, mais la guerre entraîne la chute de la dynastie et l’hostilité des alliés oblige Charles, Zita et leurs sept enfants à un exil misérable dans l’île de Madère. À la mort prématuré de son père, Otto devient le garant de la tradition familiale, notamment à travers l’ordre de la Toison d’Or dont il est le chef et souverain. La dictature nazie le menace directement et le contraint à une errance qui passe par l’Espagne, le Canada, les États-Unis. Durant la Seconde Guerre mondiale, il agit en faveur des juifs d’Europe, veille aux intérêts de la future Autriche mais, interdit de séjour dans son pays, il devra attendre 1966 pour y retourner, après avoir renoncé à toute prétention politique. Désormais, sa patrie est l’Europe pour laquelle il s’établit dans un petit village bavarois, Pöcking, où grandiront ses cinq filles et ses deux garçons. Élu député européen en 1979, il exercera quatre législatures et continuera toujours de plaider pour l’Europe fédérale dont il rêve.

En 2001, il célèbre ses noces d’or à Nancy où il avait épousé Regina de Saxe-Meiningen, issue d’une vieille famille dont la guerre avait aussi changé le destin. La Bourgogne reste chère à son cœur et il put réaliser le vœu souvent exprimé d’un retour aux sources en tenant un chapitre de la Toison d’Or à Dijon pour la Saint-André 2007 ; ce fut une grande joie pour l’Académie de recevoir le plus prestigieux de ses membres d’honneur.

L’archiduc Otto s’est éteint chez lui le 4 juillet 2011 ; ses obsèques célébrées à Vienne furent l’occasion d’une dernière cérémonie impériale, dans la cathédrale Saint-Étienne, avec les représentants des illustres dynasties d’Europe et du président de la République d’Autriche, devant une forêt d’étendards aux couleurs des provinces de l’ancien empire. Une dernière fois, retentit l’hymne « Dieu protège notre empereur, notre pays », et Otto a rejoint ses ancêtres dans la crypte des capucins. Le fil est renoué, mais le monde a changé, il était le dernier témoin…

 

Otto de Habsbourg, Mémoires d’Europe, entretiens avec Jean-Paul Picaper, préf. Al. Lamassoure, Critérion, 1994, XI-278 p.