LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1518 ● Naissance d’Hubert Languet, diplomate protestant

La famille Languet, originaire de Savoie, s’installe en Bourgogne au XIVe s. où elle est anoblie en 1373. La branche aînée s’établit à proximité de Chalon-sur-Saône, la branche cadette, d’où est issu Hubert Languet, à Vitteaux, dont le père était bailli, puis dans la ville d’Arnay-le-Duc. Philibert de la Mare, son biographe, écrit qu’il reçut une éducation soignée, en particulier dans les langues antiques grâce à son précepteur, Jacques Pérelle de Châtillon-sur-Seine et qu’il s’intéressait aussi aux sciences naturelles. En 1539, il étudie le droit, l’histoire, tout en s’intéressant à la théologie et à la science politique à l’Université de Poitiers. C’est là qu’il aurait eu ses premiers contacts avec la religion réformée. Sa famille, croyant le soustraire à cette influence, l’envoie en Italie. Ce qui renforce ses convictions « devant les mœurs impures de ce pays et de la cour pontificale ». Il visite néanmoins les universités de Padoue, de Bologne, puis voyage en Espagne et même en Afrique du Nord. Au cours d’un voyage en Allemagne, il est influencé par la lecture des Lieux communs de Melanchthon. Il se rend alors à Wittenberg où réside le théologien, en 1549, s’installe dans cette ville et se convertit au calvinisme. LLanguet, sur la recommandation de Melanchthon, entre au service de l’électeur Auguste de Saxe, dont il devient le conseiller, poste qu’il occupera jusqu’en 1577. Il effectue de nombreuses missions diplomatiques à Vienne, Prague, Francfort, Cologne, aux Pays-Bas et en France, où il assiste en 1561 au colloque de Poissy, convoqué à l’initiative de Catherine de Médicis, pour réconcilier les catholiques et les réformés. En 1570, ambassadeur des princes allemands auprès de Charles IX, lors du traité de Saint-Germain, la hardiesse de sa harangue le met en danger de mort. Peu après, il échappe aux massacres de la Saint-Barthélemy grâce à l’évêque d’Orléans et sauve quelques-uns de ses coreligionnaires. De 1573 à 1577, il représente l’électeur de Saxe à la cour de Vienne et accompagne l’empereur Maximilien II dans ses voyages. Accusé de répandre les idées du réformateur protestant Zwingli et en désaccord avec la politique religieuse menée par les princes allemands, il s’installe aux Pays-Bas en 1577. Apprécié par Guillaume d’Orange, il devient son conseiller et écrit des discours justificatifs face aux prétentions de Philippe II d’Espagne, lors de la création de la république des Provinces-Unies. Il meurt à Anvers en 1581 et laisse plus de 1100 lettres et d’importants écrits. Peu étudié de nos jours, Languet a joui au XVIe siècle d’une célébrité européenne, en particulier pour ses ouvrages politiques et religieux, dans lesquels il défend la tolérance civile et religieuse.

Philibert de la Mare, De Huberti Langueti vita, éd. J. P. Ludovicus, Halle, 1700 ; - Béatrice Nicollier-de Weck, Hubert Languet (1518 - 1581) : un réseau politique international de Mélanchthon à Guillaume d'Orange, Droz, 1995, XX-678 p. ; - Eugène Chevreul, Généalogie des branches de Gergy et de Sivry : famille Languet, Dijon, Jobard, 1907, 32 p.