LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1915 ● Naissance d’Henri Savonnet, cofondateur du musée Marey

Henri Savonnet est né le 6 mars 1915 à Franxault (Côte-d’Or). Boursier, il passe son bac de mathématiques élémentaires et poursuit en parallèle des études de mathématiques et de philosophie à l’université de Besançon. De 1936 à 1939, il est envoyé par le ministère de Jean Zay à l’université de Göttingen comme lecteur de français. Fin août 1939, il risque sa vie en passant la frontière avec des biens d’amis du ghetto de Francfort. Mobilisé, l’armistice de 1940 interrompt son parcours d’élève officier. Enseignant au Prytanée national militaire de la Flèche replié sur Briançon, il obtient en 1945 un poste de professeur de philosophie au lycée de Chaumont. C’est là qu’il rencontre Marie-Louise Piscot, jeune professeur de lettres classiques qu’il épouse en 1950. De cette union naîtront trois enfants. En 1950, le couple s’installe à Beaune où Henri est nommé professeur au collège Monge. Il terminera sa carrière en 1975 au lycée du Clos-Maire. De 1985 à son décès, le 10 mai 1998 à Beaune, il enseigne l’hébreu à l’Université pour Tous de Bourgogne.

Or, il existe une autre biographie, plus secrète. Henri Savonnet est devenu un fervent admirateur du savant beaunois Etienne-Jules Marey, inventeur de la chronophotographie et du film scientifique. Savonnet n’a eu de cesse d’explorer la pensée de ce génial inventeur, dont l’esprit, en perpétuel mouvement, entrait en résonnance avec le sien. En 1955, il est devenu ainsi l’un des fondateurs du musée Marey de Beaune, aux côtés du conservateur René André, et du professeur Fessard, alors administrateur au Collège de France. De Beaune à Paris en passant par Naples, cet homme si curieux et attachant est parti sur les traces de Marey, qu’il savait rendre si vivant, en bon pédagogue. En 1974, il est la cheville ouvrière du 45e Congrès des Sociétés savantes de Bourgogne, placé sous le parrainage symbolique de Marey. Les retombées très positives l’encouragent à créer la même année l’association  Les Amis de Marey, dont il sera le secrétaire jusqu’en 1989. Son double regard de philosophe et de scientifique lui a permis d’appréhender les travaux du physiologiste et d’en saisir la beauté sidérante. Cependant, conscient des écueils à éviter dans un musée scientifique, il écrit en 1990, dans son projet d’exposition sur le centenaire de la première caméra : « Il faut bien comprendre qu’un musée scientifique est un musée de l’intelligence ». Cette citation le résume tout entier.- ML

 

Gabriel Liogier d'Ardhuy, « Hommage à Henri Savonnet », Recueil des travaux / Centre beaunois d'études historiques, t. 16, 1998 Mémoires / Société d'histoire et d'archéologie de Beaune, t. 78, 1998 p. 7-13, ill. Suivi d'extraits d'articles de presse et de témoignages, p. 14-18.