LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1918 ● Naissance de Louis Althusser, philosophe

Louis Althusser naît le 16 octobre 1918 à Birmandreis en Algérie. Il est issu d’une famille catholique alsacienne et son grand-père était fils de paysans pauvres du Morvan. Louis restera un catholique militant jusqu’aux années de guerre, au cours desquelles il perdra la foi. Il fait ses études au Lycée du Parc à Lyon, où il aura comme professeur Jean Guitton qu’il retrouvera en 1939 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Guitton restera son protecteur et lui vouera une amitié fidèle. Vient la guerre et Althusser la passe dans un camp de prisonniers de la région du Schleswig. En 1945 il reprend ses études à l’ENS, adhère au Parti communiste français et réussit second à l’agrégation de philosophie en 1948. Comme il l’explique lui-même dans ses deux autobiographies tardives, sa vie est marquée par des crises d‘angoisse récurrentes qui lui vaudront différents séjours dans des établissement psychiatriques.

Cela ne l’empêche pas à partir des années 60 d’occuper une place éminente au sein de l’intelligentsia parisienne. Intellectuel et communiste critique à l’égard des tendances staliniennes du Parti, il publie en collaboration deux livres qui lui vaudront une immense audience : Pour Marx et Lire le Capital (1965). La thèse qu’il défend et qui fera fureur est que la production de Marx est scindée en deux moments distincts : les œuvres de jeunesse, marquées par un humanisme idéologique et les œuvres de maturité marquées par une approche scientifique du Capital. Sa renommée est forte et il peut se permettre d’inviter à l’ENS le sémillant Jacques Lacan dont le Tout-Paris est entiché. Autour de lui fleurissent aussi les cercles de jeunes intellectuels maoïstes qui prônent la révolution culturelle. Mais la vie suit son cours et les crises dépressives se succèdent. Le 16 novembre 1980, il étrangle sa femme, Hélène Rytman, dans les locaux de l’ENS. Son aura est encore telle qu’il ne sera pas poursuivi par la justice. Toutefois elle ne cessera de pâlir au cours des années suivantes. Il meurt en 1990 dans un hôpital psychiatrique. Son neveu Christian Boddaert, éditeur et écrivain dans l’Yonne, a pieusement pris soin de ses écrits et de sa correspondance qu’il a confiés à la conservation de l’IMEC.

Gérard Pommier, Louis du néant : la mélancolie d’Althusser, Aubier, 1998, 376 p. ; - Éric Marty, Louis Althusser, un sujet sans procès : anatomie d’un passé très récent, Gallimard, 1999, 238 p. (« L'Infini »).