LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1671 ● Naissance de l’ingénieur Pierre Morin

Né à Beaune de Pierre, charpentier de son état, et Marie Guignot, Pierre Morin est baptisé en la paroisse Saint-Pierre le 29 mai 1671. Après avoir reçu une instruction chez les oratoriens, il débute comme maître charpentier à Beaune. En 1703 au plus tard, il exerce à Dijon. Lors de son embauche par les états de Bourgogne comme inspecteur des chemins de la province (il n’acquit jamais de manière officielle le titre d’ingénieur) le 20 novembre 1710, il est qualifié d’« architecte à Dijon ». Durant plus d’un quart de siècle, il n’a de cesse de courir la province pour veiller à l’entretien et à la création de routes et de ponts. En 1718, il propose de ramener depuis les confins d’Auxerre jusqu’à Dijon la statue équestre de Louis XIV qui y séjourne depuis 1692. Le projet est approuvé mais Morin prend tous les risques à sa charge. En septembre 1720, la statue est à Dijon, reste à lui donner un piédestal, dont Morin obtint le marché en 1724.

Morin publie en 1718 Réflexions sur les projets du canal pour la communication des deux mers et défend, comme La Jonchère avec lequel il a étudié le projet, une jonction par Sombernon, sans rien apporter de neuf à l’affaire. Il s’ouvre du projet à Paris devant le prince de Condé l’année suivante. Il est encore de ceux étudiant le projet de canal de Bourgogne en 1724. On le trouve enfin s’enquérant de la possibilité de rendre l’Arroux navigable en 1730, mais il semblerait que le marquis de La Tour Maubourg, porteur du projet, l’ait soudoyé.

Entrepreneur audacieux, bourreau de travail, Morin paraît avoir un caractère irascible et cela lui joue des tours avec son administration à plusieurs reprises (1722 puis 1727). Mais les tensions n’ont de cesse de croître à la suite des travaux défectueux de la route Chalon-Mâcon. L’affaire se solde, le 23 avril 1736, par la destitution de Morin.

Âgé de 65 ans, Morin veut régler ses comptes avec les états par voie judiciaire (il a sa licence de droit en 1725 et fut avocat au plus tard en 1727) et porte l’affaire devant le conseil du roi, vainement. Ruiné, il est quitte à demander une pension annuelle. Il meurt à l’hôpital de Dijon parmi les indigents le 4 juillet 1749. – PhM

 

Léon Blin, « Le procès de Pierre Morin, ingénieur de Bourgogne de 1710 à 1736 », Mémoires de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignon, comtois et romands, tome 32, 1973-1974, p. 209-241 ; – Philippe Ménager, Les canaux bourguignons, histoire d’un patrimoine, Viévy, L’Escargot savant, 2009, 416 p., ill. ; – Françoise Vignier, « Projets de navigation sur l’Arroux au XVIIIe siècle », Actes du 43e congrès de l’Association bourguignonne des sociétés savantes, Gueugnon, 1972, Les Amis du Dardon, 1973, p. 47-55.