LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1817 ● Naissance de Joseph Milsand, esthéticien et théologien

L’expertise de Joseph Milsand pour la littérature anglaise, sa conversion, son caractère même ont pu faire attribuer à la famille une origine britannique. La maison éponyme où il naquit le 23 février 1817, 38 rue des Forges à Dijon, montre en façade un magnifique répertoire Renaissance (MH). Son grand-père est marchand-orfèvre à Chalon, son père, pharmacien à Dijon, sa mère, catholique fervente et son frère cadet, Philibert, le créateur de la Bibliographie bourguignonne. Lauréat du Prix de peinture de l’École des Beaux-arts, Joseph voyage à Rome, Florence, Venise, abandonne des études de droit, part en Angleterre mais revient vite, compose un petit roman : Une famille anglaise, où il dévoile son intérêt pour l’Église anglicane. Sous le pseudonyme Antoine Dilmans, d’une plume malicieuse, parfois acerbe, il écrit des critiques d’art pour La Patrie et une étude sur Thomas Carlyle pour la Revue indépendante juste fondée par George Sand et le Dijonnais Louis Viardot. Bouleversé par les événements de février 1848, il se convertit au luthérianisme. En 1851, il rencontre le poète Robert Browning avec lequel il sera très proche. En 1852, il épouse une Bretonne, Laure Henry ; une fille naît, Claire, dont il veut être l’unique professeur : il lui parle et écrit en anglais, impose une version latine quotidienne, même le matin de son mariage, en 1876, avec le pasteur Henri Blanc, théologien, le gendre idéal… il reconnaissait sa philosophie « un peu morose », ses sautes d’humeur, mais savait aussi plaisanter, ainsi dans sa correspondance avec Charles Renouvier, fondateur de la Critique religieuse où deux de ses quatre ouvrages parurent : Les études classiques et l’enseignement public (1872), Luther et le self-arbitre (1884). Le 1er avait été L’esthétique anglaise (1864), le dernier sera posthume : Le catholicisme et le mal de notre époque (1899). Il passait les étés dans la propriété héritée de son père à Villers-la-Faye, dirigeant ses vignerons. Il y mourut le 4 septembre 1886.

Suzanne-Aline L’Hopital, Joseph Milsand, esthéticien, théologien, préf. J. Guitton, Dijon, 1955, 94 p. (thèse) ; - Robert et Elizabeth Browning, « The Joseph Milsand Archive », www.browningguide.org/milsand.php