LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1867 ● Naissance de Jean Bergeaud, industriel mâconnais

Beau destin que celui de Jean Bergeaud, fils d’un modeste employé communal du Gers, diplômé de l’École des arts et métiers d’Aix-en-Provence, qui répondit en 1895 à une annonce d’un manufacturier de Mâcon, Joseph Bruno, propriétaire d’une chaudronnerie qui employait alors environ 50 personnes… Le jeune ingénieur, qui avait une expérience de la production industrielle dans une briqueterie à Toulouse, puis dans la charpente métallique à Lyon, développa l’entreprise, qui devint le leader français du matériel de concassage, broyage et criblage des matériaux de carrière, pour la réalisation de grands travaux de génie civil.

Bergeaud inscrivit la modernisation de l’usine de M. Bruno, devenu son beau-père, dans le contexte du remplacement de la machine à vapeur par l’énergie électrique, puis dans le développement du marché des chaussées adaptées aux nouveaux besoins des automobiles à pneumatiques. « L’usine à fer » va devenir une chaudronnerie, fonderie et construction mécanique qui produit en 1906 ses premiers concasseurs. Jean Bergeaud dépose de nombreux brevets. Pendant la Première Guerre mondiale, l’usine se reconvertit dans l’armement et fabrique des groupes mobiles destinés à la réfection des routes du front. En 1919 l’entreprise, qui devient société anonyme, compte 100 employés.

Pendant l’entre-deux-guerres, elle connaît un développement considérable, grâce aux chantiers de reconstruction qui utilisent massivement le matériel de concassage et les machines-outils. Les gros travaux routiers, les mines, les carrières, les constructions de barrages et d’aérodromes ont besoin du matériel conçu et fabriqué à Mâcon. L’entreprise développe ses installations sur cinq hectares le long du port fluvial et se raccorde au PLM. Les « Ateliers Bergeaud Mâcon » (ABM) développent leurs marchés à l’étranger et dans les colonies d’Afrique. Ils sont présents dans les expositions internationales. Au moment du décès soudain de Jean Bergeaud en 1935, l’entreprise emploie environ 200 salariés. Industriel à la forte personnalité, membre influent de la Chambre de commerce de Mâcon, conseiller du commerce extérieur, Jean Bergeaud « laissera dans son personnel le souvenir d’un excellent patron » (L’union républicaine, 13 février 1935).

L’entreprise mâconnaise qui compte 650 salariés à la guerre est connue dans le monde entier. En 1975, elle entre dans le puissant groupe américain Nordberg, acquis à son tour par le groupe finlandais Rauma-Valmet devenu Metso. En 2015 l’usine créée par Jean Bergeaud, avec un chiffre d’affaires annuel de 218 M € et 478 salariés, exporte plus de 70% de sa production.

Archives de la Sté Metso, de la CCI de Mâcon, du département et témoignage de son petit-fils M. Jean-Pierre Labruyère.