LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1712 ● Naissance d’Angélique du Coudray, sage-femme

Née en 1712 (?), Angélique-Marguerite Le Bourcier du Coudray fit son apprentissage à Paris où elle exerça le métier d’accoucheuse jusqu’en 1755, avant de s’installer à Clermont-Ferrand. Elle commença alors, en marge de son activité professionnelle, à enseigner le métier de sage-femme de façon originale, à l’aide notamment d’un man-nequin représentant le corps féminin qu’elle a mis au point (un exemplaire de cette machine, achetée par la ville de Rouen, est visible au musée Flaubert d’histoire de la médecine). En 1759, elle reçut un brevet royal « qui l’autorise à instruire gratuitement des Accoucheuses dans toute l’étendue du royaume, spécialement pour les campagnes ». Dès lors, elle sillonna la France entre 1760 et 1782, ne laissant guère que le Midi méditerranéen à l’écart, et perfectionnant les pratiques de près de cinq mille accoucheuses. La formation durait deux mois, elle était à la fois théorique et pratique, joignant des cours sur la physiologie et l’anatomie féminine à des exercices pratiques sur le mannequin évoqué plus haut. Les cours étaient suivis de stages de deux semaines destinés à des chirurgiens qui devaient ensuite former des accoucheuses qui n’avaient pu bénéficier de la formation initiale. Madame du Coudray est également l’auteur d’un Abrégé de l’art des accouchements (Abbeville, 1759), qui connut un grand succès éditorial.

Elle fit trois séjours en Bourgogne : en 1761 à Autun, en 1762 à Chalon et en 1782 à Auxerre. Ses cours ont souvent entraîné des initiatives complémentaires : en Bourgogne, l’Académie de Dijon prit en charge, grâce aux chirurgiens qui étaient membres de la Compagnie, un cours d’accouchement de rayonnement provincial à partir de 1773 et l’évêque de Mâcon créa en 1782 une école de sages-femmes.

Madame du Coudray, en dépit des limites de son travail, a bien été la cheville ouvrière de la première action de santé publique d’envergure, à une époque où l’on redoutait la dépopulation du royaume de France.

Et où l’on était de plus en plus sensible à l’importante mortalité en couches qu’un proverbe normand traduisait brutalement en : « femme grosse a un pied dans la fosse »… Elle mourut en 1789.

Jacques Gélis, La sage-femme ou le médecin : une nouvelle conception de la vie, Fayard, 1988, 560 p., pl. ; - Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, La démographie de l'époque moderne, Belin, 1999, 334 p., ill. ("Belin sup : histoire") ; - Pierre Bodineau, "Un aspect de la topographie médicale en Bourgogne : la formation des sages-femmes au XVIIIe siècle", Le corps et la santé, actes du 110e Congrès national des sociétés savantes, Montpellier, 1985, Section d'histoire moderne, t. 1, vol. 2, Histoire de la Révolution, Comité des travaux historiques et scientifiques, 1985, p. 27-58.