LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1863 ● Naissance d’Alfred Lacroix, minéralogiste

François-Antoine-Alfred Lacroix est né à Mâcon, le 4 février 1863, dans une famille de pharmaciens imprégnée d’histoire naturelle. Influencé par son grand père, ancien préparateur de chimie au Muséum, il est passionné dès son plus jeune âge par la minéralogie. A 18 ans, il est déjà membre de la Société française de minéralogie. Après ses études secondaires à Mâcon, il effectue à Paris des études de pharmacie, tout en fréquentant les laboratoires des plus éminents spécialistes de minéralogie. ll obtient son diplôme de pharmacien en 1883 ainsi qu’une licence de sciences. Il est vite nommé préparateur au Collège  de France, puis chargé de cours à la Faculté des sciences. En 1888, il publie, avec le célèbre Auguste  Michel-Lévy, l’ouvrage fondamental Les minéraux des roches (Baudry). L’année suivante, il soutient sa thèse de doctorat sur le métamorphisme de contact. Il est nommé en 1893 titulaire (le plus jeune) de la chaire de minéralogie du Muséum national d’histoire naturelle qu’il occupera 43 ans. Il se consacre à la connaissance fine des minéraux,  grâce à l’étude approfondie des lames minces de roches au microscope à lumière polarisée ; il est un des premiers à utiliser systématiquement l’analyse chimique des diverses associations minérales, il intègre l’ensemble à l’analyse pétrographique et au contexte géologique  fondé sur de très nombreuses études de terrain. Son travail aboutira à la monumentale anthologie Minéralogie de la France et de ses colonies, 5 vol. (Baudry, 1893-1913 ; rééd. Librairie du Muséum, 1977). Il assume en même temps l’animation de l’illustre galerie de minéralogie du Muséum dont il enrichit considérablement les collections. Il doit alors sa grande célébrité à l’éruption de la Montagne Pelée à la Martinique en 1902 dont il est chargé d’étudier les circonstances  et les effets (28 000 morts). Il va découvrir le phénomène jusque-là inconnu des nuées ardentes et devenir un grand spécialiste du volcanisme, visitant  durant vingt ans de nombreuses zones sensibles et observant des éruptions (Vésuve, 1906 ; Etna, 1908). Il cesse d’enseigner en 1936 mais fréquente inlassablement son laboratoire jusqu’à sa mort en 1948.

L’œuvre de celui qui fut un des plus illustres minéralogistes et aussi un grand pétrographe et volcanologue est immense : 700 publications, dont des bibliographies, de multiples rapports d’expertise, des collections de rayonnement international. Sa carrière et son œuvre lui ont valu les plus flatteuses distinctions.  Elu à l’Académie des sciences en 1904, il en a été secrétaire perpétuel durant 34 ans. Il reçut en1919 le prix Gaudry de la Société géologique de France dont il fut président à 3 reprises (1910, 1922, 1930). Il fut aussi honoré par la Geological Society of London et par la Mineralogical Society of America (Chantilly, Virginie). Et grand officier de la Légion d’honneur. Fidèle à ses origines, il a publié à l’Académie de Mâcon diverses études (dont « Les enclaves des roches volcaniques », Annales, 2ème sér. t. 10, 1893, 710 p., 8 pl. dépl. en coul.). Cette compagnie  en a fait un de ses membres d’honneur en 1904 et veille à perpétuer sa mémoire. Une rue mâconnaise porte son nom.- PF et FN

Gérard Mottet, « Le savant mâconnais Alfred Lacroix (1863-1948) et l’éruption de la Montagne Pelée, Martinique (mai 1902) », Annales de l’Académie de Mâcon, 4ème sér. t. 15, 2003, p. 49-58, ill. ; - Jean-Pierre Lorand, « Alfred Lacroix (1893-1936), professeur au Muséum national d'histoire naturelle », http ://www.mnhn.fr/mnhn/mineralogie/histoire/index/historique/lacroixbio.htm