LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1369 ● Mariage de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre

Le 19 juin 1369 fut célébré à Gand, en l’église Saint-Bavon, le mariage de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et de Marguerite de Flandre, fille unique de Louis de Male, comte de Flandre. Ces noces donnèrent lieu à de grandes réjouissances. Elles étaient l’aboutissement de laborieuses tractations, Marguerite, qui constituait un parti fort convoité, étant appelée à être l’héritière de son père, détenteur des comtés de Flandre, de Nevers et de Rethel, ainsi que de ceux d’Artois et de Bourgogne, reçus de sa grand-mère, Marguerite de Bourgogne. C’est ainsi qu’elle avait été mariée dès 1360, à peine âgée de dix ans, à Philippe de Rouvres, dernier duc de la lignée capétienne, mort en 1361. Le roi Édouard III d’Angleterre avait alors engagé de grandes manœuvres diplomatiques en vue du mariage de la jeune veuve avec un prince de sa maison : un contrat de mariage avait été conclu le 19 octobre 1364, qui avait immédiatement alarmé le roi de France Charles V, inquiet de la perspective de voir un prince anglais s’établir en Flandre. Aussi, ayant constaté que les futurs époux étaient cousins à un degré interdit par l’église, s’empressa-t-il  d’obtenir du pape Urbain V qu’il refuse, au début de 1365, la dispense demandée par ceux-ci, puis de proposer au comte de Flandre de marier sa fille avec son frère, Philippe de Bourgogne.

Louis de Male mourut en janvier 1384, épuisé par les conflits l’ayant opposé à ses sujets flamands. Philippe, souvent présent à ses côtés ou intervenant comme médiateur l’avait soutenu. Il connaissait donc bien les comtés et les villes dont il devenait le maître et qu’il allait s’appliquer à reconstruire et réorganiser. Ce faisant il s’assurait des revenus considérables, ce qui lui permettait de mener une brillante vie de cour et, avec Marguerite, de se faire mécène.

Le principal chantier fut celui de la Chartreuse de Champmol, fondée aux portes de Dijon le 15 mars 1385. La première pierre de la chapelle en avait été posée par Marguerite dès le 20 août 1383. Leurs statues, accompagnées de celles de leurs saints patrons, se font face de part et d’autre du portail de cette chapelle. Elles ont été sculptées par Claus Sluter, entre 1389 et 1393. Quelques années plus tôt leurs initiales avaient été peintes par Jean de Beaumetz sur les murs du château de Germolles, donné par le duc à son épouse. De leur union, naquirent dix enfants, dont sept, nés entre 1371 et 1389 atteignirent l’âge adulte.

Bertrand Schnerb, L’État bourguignon, Perrin, 2005, p. 59-87 ; id., « Les ducs de Bourgogne et les principautés bourguignonnes », L’art à la cour de Bourgogne : le mécénat de Philippe le Hardi et Jean sans Peur (1364-1419), exposition, Musée des beaux-arts de Dijon, Cleveland, Museum of Art, Réunion des musées nationaux, 2004, p. 27-30.