LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1670 ● Les succès de Bossuet

En 1669, la carrière de Jacques-Bénigne Bossuet était déjà très belle. Il était un prédicateur renommé et recherché à Paris depuis 1660 : en 1662 il avait prêché devant le roi (prononçant le célèbre Sermon sur la mort) ; en 1666, il avait été chargé de l’éloge funèbre de la reine Anne d’Autriche ; enfin il venait d’être nommé évêque de Condom, le 13 septembre 1669. Cette carrière s’accéléra de façon remarquable en 1670.

Bossuet est alors chargé de l’oraison funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre, épouse de Philippe d’Orléans et belle-sœur de Louis XIV, lors de ses funérailles solennelles, le 21 août 1670, dans la basilique de Saint-Denis. La princesse, appelée Madame du fait de son mariage avec Monsieur, le frère du roi, est morte à 26 ans, le 30 juin 1670, très brutalement ce dont témoigne l’une des phrases les plus célèbres du texte : « Madame se meurt ! Madame est morte ! » Le prédicateur connaissait bien Madame : il avait déjà prononcé, le 16 novembre 1669, neuf mois plus tôt, l’oraison funèbre de sa mère, Henriette de France, reine d’Angleterre, veuve de Charles 1er, réfugiée en France. Il était devenu, ensuite, le directeur de conscience de Madame qu’il assista dans ses derniers instants.

L’oraison funèbre de Madame, l’une des six que fit imprimer Bossuet, est empreinte d’une émotion personnelle profonde ; elle est la plus connue de celles qui ont été écrites en l’honneur de la jeune princesse.

C’est un chef-d’œuvre incontesté, toujours réédité et étudié, de l’art oratoire sacré. Deux semaines après la cérémonie funèbre, le 5 septembre 1670, Jacques-Bénigne Bossuet fut nommé précepteur du Dauphin. Le 21 septembre suivant, il fut consacré évêque de Condom. Sa mission de précepteur le tenant éloigné de son diocèse, il renonça à l’épiscopat, mais il acquit un poids décisif dans l’entourage royal pour toutes les questions religieuses si importantes dans ces années-là (jansénisme, gallicanisme, lutte contre les protestants).

Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Henriette Anne d’Angleterre, duchesse d’Orléans, prononcée à Saint-Denis, le 21 jour d’aoust 1670, Sébastien Mabre-Cramoisiy, 53 p. ; - Oraisons funèbres, éd. Jacques Truchet, Gallimard, 2004, LVI-464 p. (« Folio-Classique ») ; - Jacqueline Duchêne, Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans, Fayard, 1995, 464 p., ill.