LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1964 ● Inauguration du lac Kir à Dijon

Comment forcer la nature à épouser un rêve ? Le 20 juin 1964, le chanoine Félix Kir, âgé de 87 ans, accomplit sur une vedette, dressé en figure de proue, fier comme un empereur romain lors de son triomphe, le tour du lac artificiel qu’il inaugure aux portes de Dijon. Un labeur solitaire, une œuvre de patience… Alors qu’il était petit séminariste à Plombières-lès-Dijon en 1895, un professeur avait évoqué cette idée. Le chanoine n’en parle jamais jusqu’au jour où il est élu maire, le 1er septembre 1945. Une piscine ? Non, un lac ! Personne n’y croit et beaucoup le critiquent. À force de persévérance, il réussira grâce à sa longévité (aucun maire n’aurait conduit à son terme une telle opération) à réaliser ce prodige. Une réussite incontestable, la plus belle entrée de ville, un site préservé. Mais hélas ! le député-maire de Dijon dut en accepter les contraintes nées de l’urbanisme de ce temps-là : les trois quartiers imposés par Paris et la promotion immobilière, la Fontaine d’Ouche, Talant et le site de La Cras que, fort heureusement, Robert Poujade supprima de la liste dès son élection en 1971. -JFB

 

Jean-François Bazin, « L’urbanisation de l’Ouest de Dijon », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 124, 1979-1980, p. 155-190.