LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1913 ● Disparition du Pioupiou de l’Yonne

Le pacifisme et l’antimilitarisme sont des mouvements actifs dans le département de l’Yonne au début du XXe siècle. Un professeur d’histoire au lycée de Sens, Gustave Hervé, se signale particulièrement. Sous son impulsion, le congrès des Jeunesses socialistes de l’Yonne décide, en septembre 1900, de publier un supplément au Travailleur Socialiste de l’Yonne intitulé Le Pioupiou de l’Yonne. Ce tract violemment antimilitariste vise les conscrits qu’il veut, à tout le moins, prémunir contre le patriotisme. Hervé va jusqu’à défendre l’idée d’une insurrection du peuple pour éviter la guerre. Ses articles dans Le Pioupiou, constituant selon le gouvernement des « injures publiques contre l’armée », lui valent procès sur procès. La publicité qui en résulte lui permet cependant d’augmenter le tirage. Le périodique est bien défendu par son avocat, Aristide Briand, qui ne peut cependant empêcher la révocation de l’enseignement de son principal rédacteur. Gustave Hervé crée en 1906 un nouveau journal, La Guerre sociale et cesse de faire paraître Le Pioupiou en décembre 1913. À l’approche de la guerre de 1914, Hervé change radicalement de position et devient patriote. De la gauche extrême, il ira ensuite jusqu’au fascisme, soutenant Mussolini et Hitler. Il prendra ses distances en dénonçant l’antisémitisme hitlérien et mourut en 1944.

Journal de la Bourgogne, Larousse, 2002, p. 239. ADIAMOS, « Plutôt l’insurrection que la guerre ! » Actes du colloque L’antimilitarisme dans l’Yonne avant 1914, Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, Auxerre, 2004.