LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1962 ● Deux repas impériaux à Dijon

Le hasard des expositions organisées par le Musée des Beaux-Arts de Dijon et son conservateur, Pierre Quarré, permet la venue dans la capitale bourguignonne de deux descendants de dynasties impériales prestigieuses que la municipalité du chanoine Kir reçoit avec faste.

C’est d’abord le prince Napoléon et son épouse qui viennent inaugurer l’exposition Napoléon et la Côte d’Or  : belle occasion d’évoquer le jeune lieutenant en garnison à Auxonne, puis le général choisissant en 1800 d’établir dans l’ancienne intendance de la province la résidence du préfet de la Côte-d’Or ; peut être a-t-on rappelé au Prince que c’est dans la Salle des États que le prince-président a annoncé clairement la probabilité d’un coup d’État, à l’issue de l’inauguration de la nouvelle ligne de chemin de fer ? Le 2 juin, le couple impérial a fait honneur au pigeonneau au foie gras, au suprême de brochet, aux jeunes pintadeaux de Bresse à la broche préparés par le chef Henri, du Pré-aux-Clercs.

Quelques jours plus tard, c’est l’archiduc Otto de Habsbourg, accompagné de son épouse, qui vient ouvrir la belle exposition La Sainte Chapelle de Dijon, siège de l’Ordre de la Toison d’Or, fondé par Philippe le Bon en 1430. Lointain successeur des ducs de Bourgogne, l’Archiduc est ici chez lui ! Le 30 juin, le déjeuner est servi dans les cuisines ducales et son menu est très proche du précédent, arrosé de chassagne-montrachet et de volnay. L’Archiduc vient de renoncer à toute revendication politique pour pouvoir rentrer dans son pays, mais il choisira de résider dans un petit village de Bavière, tout proche de la frontière autrichienne. Il évoque sa foi dans une Europe qui doit encore s’élargir et dit sa joie d’être en Bourgogne. Il ne sait pas encore que 45 ans plus tard, il reviendra à Dijon, au soir de sa vie, pour y vivre un chapitre de l’Ordre de la Toison d’Or, renouant ainsi le fil d’une longue et belle histoire !