LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1968 ● Décès du chanoine Félix Kir, député-maire

Né le 22 janvier 1876 à Alise Sainte-Reine au sein d’une famille très modeste, Félix Kir étudie au petit séminaire diocésain de Plombières-lès-Dijon puis au grand séminaire de Dijon. Ordonné prêtre le 20 juin 1901, il est vicaire à Auxonne, curé de Drée puis vicaire à Dijon (Notre-Dame). Il y découvre les affrontements politiques et religieux (les Inventaires). Nommé curé de Bèze (1910), il y développe une action dynamique. Il est mobilisé comme infirmier durant la guerre de 1914-1918. De retour à Bèze, il s’engage dans la vie publique, donnant de fréquentes conférences en Côte-d’Or. En 1924, il devient curé de Nolay et en 1928 chanoine et directeur des œuvres catholiques d’hommes dans le diocèse. Il s’installe à Dijon, face à la mairie et devient une figure populaire dans la région. En 1940 il est assez pétainiste et appelé par le préfet à constituer la délégation municipale de Dijon, car le maire socialiste a quitté la ville : « Defensor civitatis ». Poursuivi à plusieurs reprises par les Allemands, interné à la prison mais jamais condamné à mort comme il le prétendra, il incarne une sorte de Résistance qui n’est liée à aucun mouvement. Le 26 janvier 1944, considéré comme symbole de la lutte contre l’Allemagne hitlérienne, il est victime d’un attentat de la Milice de Costantini. Deux de ses membres entrent chez lui le soir, le couvrent de balles. Il en échappe, une balle fichée dans son portefeuille ! Il se réfugie à Malroy (Haute-Marne).

Dès septembre 1944, le chanoine est de retour et il apparaît à beaucoup comme celui qui a libéré Dijon. Ce serait trop dire… L’image populaire s’impose néanmoins. Le chanoine Kir entre dans la municipalité provisoire, devient bientôt maire et député de Dijon. « Pour quelques années », pense-t-on. En fait jusqu’en 1968, quelque vingt ans plus tard et alors que le chanoine vogue vers ses quatre-vingt-dix ans ! Député de la Côte-d’Or (1945 à 1967), deux fois doyen d’âge de l’Assemblée Nationale (1958, 1962), il se passionne pour les jumelages, préside la Fédération mondiale des villes jumelées dont il ne perçoit pas la forte parenté soviétique.

Maire de Dijon, il crée le quartier des Grésilles pour un habitat social inédit durant les années 1950, établit le Campus universitaire et le futur CHU du Bocage, conçoit et réalise le lac qui portera son nom. Il meurt le 25 avril 1968.

Jean-François Bazin et Alain Mignotte, Le Chanoine Kir a-t-il existé ?, Dijon, Massebeuf, 1969, 183-8 p. ; - Louis Devance, Kir, je te pardonne : le chanoine Kir et son assassin, Précy-sous-Thil, l’Armançon, 2006, 271 p. ; - ID., Le chanoine Kir : l’invention d’une légende, Éd. universitaires de Dijon, 2007, II-471 p.-16 pl. ; Jean-François Bazin, Le chanoine Kir : la vie fantasque d’un homme politique en soutane, Armand Colin, 2018, 191 p., ill.