LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1871 ● Décès d’Émile Martin, ingénieur

Émile Martin est né le 20 juillet 1794 à Soissons où son père Pierre-Dominique est ingénieur des ponts et chaussées. Sa mère, Marie-Françoise Bron, a des origines nivernaises. Émile est mis en pension mais son père veille sur ses études et il entre à Polytechnique en 1812. Après l’École d’artillerie de Metz, il sert jusqu’en 1820 et ses permissions l’amènent en Nivernais où il est l’hôte de Georges Dufaud, ami de son père. Il quitte l’armée et épouse Constance Dufaud en 1821. Georges Dufaud l’associe à la construction de la grande forge à l’anglaise qu’il établit à Fourchambault avec Louis Boigues. La société Fonderies et constructions métalliques d’art à Fourchambault, Émile Martin et Cie est créée le 29 février 1824. Malgré des difficultés financières entre 1834 et 1838, cette fonderie connaît de grands succès et contribue très fortement à la renommée de Fourchambault en pratiquant le montage sur site de nombreuses structures, ponts et charpentes en particulier. Le viaduc de Cubzac, le pont des Arts, la charpente de la cathédrale de Chartres en sont des exemples célèbres. Émile Martin voyage en Angleterre où il se lie d’amitié avec un des fils du grand Stephenson et mesure le potentiel d’avenir de la vapeur et des chemins de fer pour lesquels Fourchambault produit des rails et de nombreux matériels. Le manque de capitaux ne permet cependant pas à Martin de construire lui-même des locomotives. Il participe en 1852 au groupement qui obtient l’adjudication de la ligne Lyon-Avignon. Il est membre du conseil d’administration et le reste après la naissance en 1857, du fameux PLM.

Ne voulant pas se fondre dans l’ensemble Boigues-Rambourg qui absorbe Fourchambault en 1854, Martin achète l’usine de Sireuil et y installe son fils Pierre-Émile. Il guide et encourage ce dernier pour maîtriser à la fois température élevée et tenue des réfractaires : l’acier liquide est obtenu en quantités de plusieurs tonnes dans un four Siemens chargé en fonte ou en ferrailles.

L’impact industriel du procédé dont le premier brevet est déposé en 1863 et qui va dominer la sidérurgie mondiale pendant presqu’un siècle, s’affirme peu à peu. Mais, après le camouflet de la médaille d’or attribuée puis retirée à l’Exposition universelle de 1867, la contestation et les procès vont encourager les industriels à utiliser le procédé sans rémunérer les Martin. Il décède le 31 juillet 1871. Le rôle d’Émile et de son fils est cependant pleinement reconnu dans l’histoire des techniques. – FD

 

André Thuillier, Émile Martin, un grand chef d’industrie au XIXe s., 1794-1871, Chambre de commerce et d’industrie de Nevers et de la Nièvre, 1964, 45 p.