LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1871 ● Décès de Théodore Caruelle d’Aligny, peintre paysagiste

Natif le 24 janvier 1798 de Chantenay-Saint-Imbert, entre Nevers et Moulins-sur-Allier, il va suivre à Paris un enseignement hérité du XVIIIe siècle, qui le verra dès 1822, reçu au Salon avec un paysage historique, Daphnis et Chloé. Conformément à la tradition, il effectue le « Grand tour » en Italie, effectuant des allers-retours entre 1824 et 1827, où il rencontre Camille Corot. Il retournera plusieurs fois dans la péninsule, puis sera missionné en 1843 par l’École des beaux-arts de Paris pour rapporter de Grèce les dessins des principaux temples et monuments. Il gravera lui-même cette commande, publiée en 1845 sous le titre Vues des sites les plus célèbres de la Grèce antique dessinées sur nature et gravées à l’eau-forte.

Parallèlement à cette carrière on ne peut plus classique, et sans doute sous l’influence de Corot, il sera un des pionniers de la peinture « sur le motif » : dès 1827, il loue au père Ganne, en plein cœur de la forêt de Fontainebleau, une chambre à l’auberge qui deviendra le point focal et mythique de l’École de Barbizon. Si de cette période témoignent quelques peintures brossées à grands traits, pleines d’une liberté annonciatrice de l’Impressionnisme (les Rochers du musée de Varzy), il continuera de produire pour le Salon des œuvres convenues, d’un style étroit et révolu. Pour n’avoir su infléchir sa carrière vers l’innovation, au détriment d’une hiérarchie des genres déjà désuète, et d’arbres stéréotypés qui n’ont pas longtemps souffert la comparaison avec ceux croqués in situ, l’histoire de l’art l’oubliera bien vite. Ne serait-ce que pour cet entre-deux qui documente parfaitement les tourments qui agitent les peintres des années 1820-1830, Caruelle d’Aligny méritait une réhabilitation, offerte en 2017-2018 par le musée d’art et d’histoire Romain Rolland de Clamecy.

Directeur de l’École des beaux-arts de Lyon à partir de 1860, son ultime consécration sera l’intervention de son ami Corot, qui organise la vente de son atelier après sa mort à Lyon (1er) le 24 février 1871. – JMR