LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1768 ● Décès de Simon Sautereau, entrepreneur du flot

Simon Sautereau, comme son bisaïeul, son grand-père et son père, « marchand et honorable homme », est né à Arleuf le 19 mars 1704. Sa famille menait une vie simple sur ses terres, fréquentant ses pairs, marchands et négociants. En 1729, il épouse la fille de François Marceau, personnage important, issu d’une famille de gens d’affaires. Il commence sa carrière comme marchand de bois destiné à Paris par flottage.

La difficulté était d’acheminer le bois situé près de la source des rivières ou loin des cours d’eau. Grâce à sa bonne connaissance du pays, Sautereau dénombre toutes les sources, tous les ruisseaux et les torrents qui apportent leurs eaux à l’Yonne, et il relève des plans topographiques. Avec des dons extraordinaires d’organisateur et de meneur d’hommes, il passe à l’exécution, faisant creuser le lit des ruisseaux, aménager des étangs avec des digues et des vannes pour régulariser le débit des cours d’eau afin de les utiliser avec efficacité. « Entrepreneur du flot » à 28 ans en 1732, il présente son projet de creusement de l’étang du Châtelet. En 1743, le système du flottage « à bûches perdues » amenant les bûches jusqu’à Clamecy était au point, créant ainsi dans le Morvan et surtout dans la vallée de l’Yonne une certaine prospérité. Ainsi donc, par l’organisation du flottage, Simon Sautereau a incontestablement contribué à l’enrichissement du pays. Il a accru sa fortune personnelle et s’est rendu acquéreur de quelques belles propriétés dont le fief de Quincize. Il en est devenu le seigneur en 1763. Il a fait aménager avec bon goût son château, ainsi que des jardins. Il a su aussi se montrer généreux pour ses concitoyens. Ainsi pendant la disette de 1742, il leur est venu en aide pour les empêcher de mourir de faim. En 1768, une sentence du Prévôt des marchands de Paris porte un coup très dur à ses affaires. Il meurt brusquement le 25 février 1768. Ses fils ont fait élever dans l’église d’Arleuf un mausolée avec une plaque de marbre portant une longue inscription qu’on peut résumer ainsi : « Homme très bon, honnête et sincère, toujours le même dans la bonne et la mauvaise fortune. »

Des Morvandiaux de l’ombre à la lumière, 2 vol. Moulins-Engilbert, 2010-2011, art. de Jacqueline Bernard, t. 1, p. 74-78 et de Claude Péquinot, t. 2, p. 290-293 ; - Michel Beaussier, « Le flottage à bûches perdues aux environs de Château-Chinon », Bulletin de l’Académie du Morvan, n°75, été 2013, 89 p., ill.