LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1219 ● Décès de Pierre de Courtenay, empereur latin de Constantinople

En 1216, le jeune et improbable empire latin de Constantinople, issu du détournement de la IVe croisade, se trouva vacant après l’empoisonnement d’Henri de Hainaut. On songea d’abord à y placer le roi de Hongrie. Face à l’abandon de ce dernier, le trône fut proposé à Pierre de Courtenay. Ce seigneur de Bourgogne du Nord appartenait à une famille qui avait beaucoup fréquenté l’Orient latin, d’abord en gouvernant la principauté d’Édesse au XIIe siècle, puis en occupant les fonctions de sénéchal du royaume de Jérusalem. Pierre était par son père le petit-fils du roi de France, et il tenait par son premier mariage le très puissant comté de Nevers-Auxerre-Tonnerre, deux traits qui faisaient de lui l’un des grands féodaux du royaume. Remarié à Yolande de Hainaut, fille de l’empereur Baudouin de Constantinople, il se trouvait être aussi le beau-frère du potentat défunt. Accepter contre les solides possessions bourguignonnes les mirages du Bosphore n’allait pas de soi. Pierre dut mettre en gage plusieurs de ses seigneuries pour constituer une suite à peu près digne d’un empereur. Son vœu était de gagner une crédibilité en étant couronné à Rome des mains du pape. Honorius III résista d’abord, considérant (à fort juste titre) que la cérémonie relevait du patriarche latin de Constantinople. Face à l’insistance du Courtenay, il finit par présider aux rites pontificaux le 9 avril 1217, mais dans la basilique péri-urbaine de Saint-Laurent pour ne pas créer de confusion avec les droits du Staufen en Occident. Cette reconnaissance arrachée ne porta pas bonheur à Pierre de Courtenay : capturé en route par le despote d’Épire Théodore Doukas, il fut retenu prisonnier et mourut en 1219 sans avoir jamais vu sa capitale, où régnait son épouse.

P.-V. Claverie, Honorius III et l’Orient (1216-1227) : étude et publication de sources inédites des Archives vaticanes, Leiden, Brill, 2013, XIII-502 p.