LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1819 ● Décès de François Robert, géographe et homme politique

Né le 3 février 1737 à Charmes (paroisse de Bézouotte) en Côte-d’Or, François Robert devint professeur de philosophie et de mathématiques au collège de Chalon-sur-Saône. Il est l’auteur d’une Géographie à l’usage des collèges (Paris, Saillant, 1767) qui connut un très grand succès avec au moins treize rééditions jusqu’en 1827. Il publia en 1777 une Géographie naturelle, historique, politique et raisonnée… suivie du traité de la sphère, dédiée au Prince de Bauffremont-Listenois, vice-amiral de France, hommage au seigneur dont son père fut fermier.

François Robert fut un correspondant très actif dans l’Europe de Lumières, son zèle et son assiduité lui permirent de faire carrière dans les milieux savants du temps de Louis XVI : il fut nommé géographe ordinaire du roi en 1780. Avec Mentelle et Masson de Morvilliers, il prit, en 1787 et 1788, une très grande part à la rédaction de la Géographie moderne dans l’Encyclopédie méthodique, dont l’éditeur Panckoucke espérait qu’elle surpasserait celle de Diderot.

En 1789 il publie Voyage dans les treize cantons suisses, les Grisons, le Valais… qui passe pour la première description scientifique du pays, fruit de voyages faits à partir de 1784. L’ouvrage connut, lui aussi, un grand succès avec une traduction en allemand. Il lui valut, grâce à l’amitié d’Hertzberg, ministre du roi de Prusse, de devenir membre de l’Académie de Berlin (1790) et, grâce au cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome, membre correspondant de l’Institut de Bologne (1790).

François Robert accueillit favorablement la Révolution, revint en Côte-d’Or et fut élu maire de Bézouotte en 1793. Après avoir connu des difficultés au début de la Terreur, il fut nommé, par le représentant en mission Bernard de Saintes, membre du conseil général de la Côte-d’Or ; il y resta jusqu’à son élection au Conseil des 500 le 24 germinal an V (13 avril 1797). Il avait déjà publié de nombreux libelles « avis » ou « opinions » sur des questions diverses : hôpitaux, subsistances, maximum, impositions, rejet du calendrier révolutionnaire et du système métrique et il fut compté au nombre des Clychiens, la droite modérée proche des monarchistes : au cours de son mandat il intervint pour la défense de la morale et de la religion, et la défense des presbytères. Son élection fut cassée à la suite du coup d’État du 18 fructidor (4 septembre 1797). François Robert se retira dès lors de la vie politique, se contentant, à Dijon, de continuer à défendre les monuments menacés de démolition totale ou partielle. Il avait fait partie de la commission des monuments artistiques instituée à Dijon le 14 pluviôse an II (2 février 1794) et il continua d’intervenir sur ces questions de sauvegarde sous l’Empire et la Restauration.

Il n’abandonna pas la géographie, pour autant. Ses mérites scientifiques avaient été reconnus par l’octroi d’une pension en 1795. Il publia un Dictionnaire géographique, d’après le recès du congrès de Vienne, le traité de Paris, du 20 novembre 1815, et autres actes publics les plus récens qui connut trois éditions. Il mourut le 5 mai 1819 à Heiligenstadt (Prusse) à 82 ans.

Injustement, son nom apparaît peu dans les travaux récents sur l’histoire de la géographie, peut-être parce qu’il fut un vulgarisateur. Mais sa position est intéressante : il n’est pas cartographe et il appuie toute une partie de son œuvre sur le voyage et non sur l’analyse des récits de voyages faits par d’autres. Une rue de Dijon porte son nom.

Paul Gaffarel, « François Robert : ses travaux scientifiques, son rôle politique, son rôle artistique », Mémoires de la société bourguignonne de géographie et d’histoire, t. 5, 1889, 97 p.