LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1820 ● Décès de Claudine Picardet, femme savante et éclairée

Claudine Poulet nait à Dijon le 9 août 1735. Après avoir épousé à 20 ans Claude Picardet, conseiller à la Table de Marbre, Claudine Picardet mène une vie mondaine à Dijon et tient salon pour tous ceux qui parlent littérature ou science ; elle va donc rencontrer Guyton de Morveau (1737-1816). Guyton va tomber amoureux de madame Picardet et après le décès de son mari, elle deviendra en 1798, Madame Guyton mais elle est beaucoup plus connue sous le nom de son premier mari.

Elle aide considérablement Guyton dans ses travaux de chimie et pour diverses revues scientifiques. Elle participe aux traductions de textes relatifs à la chimie d’une vingtaine d’auteurs : allemands, anglais, danois, italiens et suédois avec ceux que l’on a nommé ces « Messieurs » de Dijon dont Magnien et Lemulier de Bressey et Guyton de Morveau. Elle fut, dans ces travaux, une femme savante et éclairée.

Arthur Young écrivit, lors de son passage à Dijon, chez Guyton : «  Madame Picardet est aussi agréable en conversation qu’elle est instruite dans le cabinet de travail ; une femme très charmante et naturelle, elle traduit E. Scheele de l’allemand et une partie de l’œuvre de M. Kirwan de l‘anglais ; un trésor pour M. de Morveau car elle est capable de causer avec lui de questions de chimie ce qu’elle fait volontiers et de tous autres sujets instructifs et agréables. »  Elle traduisit aussi Bergman du suédois.

En 1790, Madame Picardet traduisit entièrement de l’allemand le Traité des caractères extérieurs des fossiles de Werner après s’être procuré un grand nombre de corrections et d’additions manuscrites que l’auteur avait faites à son ouvrage et elle a refondu le tout dans sa traduction. Elle y a joint des notes explicatives du texte, et d’autres, aux endroits où les idées de l’auteur ne correspondaient plus à l’état des connaissances en chimie à l’époque. En tout, on peut compter plus de mille pages publiées entre 1774 et 1797 notamment dans le Journal des sçavants, le Journal de physique, les Annales de physique. Madame Guyton, veuve une seconde fois mourut à Paris le 4 octobre 1820.

Quelque peu oubliée aujourd’hui, Madame Picardet a eu à la fin du XVIIIe siècle une place très importante parmi les savants de l’époque, place au moins égale à notre avis, à celle de madame Lavoisier. Grâce aux travaux récents de Patrice Bret, son rôle est beaucoup mieux connu.

Guyton de Morveau (1737-1816) des Lumières à l’Empire : le pouvoir du savoir, Actes du colloque de Dijon, Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 18-19 novembre 2016, éd. universitaires de Dijon, 2017, 317 p.