LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1862 ● Décès d’Augustin-Nicolas Caristie, architecte

Né le 6 décembre 1783 à Avallon, Auguste-Nicolas Caristie (dit Augustin) appartenait à une lignée d’entrepreneurs et architectes venus du Piémont en Bourgogne au milieu du XVIIIe siècle ; il était le fils de Jacques-Nicolas Caristie, qui avait joué un rôle important dans l’aménagement de la ville. Après une première expérience comme conducteur de travaux à Lyon, il entra en 1808 à l’École des Beaux-Arts et fréquenta, entre autres, l’atelier de Charles Percier, grand défenseur de l’art néo-classique, pour lequel il professa toute sa vie un véritable culte. Premier Grand Prix de Rome, avec un projet d’hôtel de ville pour une capitale, il fut pensionnaire de la Villa Médicis de 1813 à 1820 et exécuta alors une étude approfondie du forum et de la Voie Sacrée, puis un projet de restauration du temple de Sérapis à Pouzzoles. À son retour en France, il prépara dès 1823 la restauration de l’Arc de triomphe d’Orange, dont il suivit la réalisation de 1826 à 1828, avant d’être chargé en 1838 de la restauration des théâtres d’Orange et d’Arles. Simultanément il construisit, de 1823 à 1829, le mausolée et la chapelle expiatoire érigés à Auray à la mémoire des émigrés fusillés à Quiberon en 1795, et acheva, à partir de 1827, la construction du château de Kerlévenan, près de Vannes, dont le chantier s’était ouvert à la fin du XVIIIe siècle. Quelques années plus tard, il bâtit le palais de justice et les prisons de Reims (1841-1845) et restaura la façade de la chapelle et le portique monumental du château d’Anet (1840-1851). Dans le même temps, il donna des projets de restauration pour les châteaux de Chastellux, d’Époisses et de Commarin. Parallèlement, il menait une carrière administrative qui mobilisait l’essentiel de son énergie. Nommé inspecteur général du Conseil des bâtiments civils dès 1827, il fut appelé en 1837, sur proposition de Prosper Mérimée, à faire partie de la Commission des Monuments historiques, avant d’être élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1840. Au sein de ces instances, il se fit le pourfendeur de l’architecture néo-gothique, dont il déplorait l’absence de créativité. Entré au conseil municipal de Paris en 1859, il eut une influence importante en matière d’urbanisme dans la capitale, s’opposant même à Haussmann qui voulait détruire le pavillon oriental du Collège des Quatre-Nations pour faciliter la circulation sur le quai Conti. L’une de ses dernières missions fut sa participation aux travaux du jury qui allait choisir Charles Garnier pour réaliser le nouvel opéra de Paris. Chevalier de la Légion d’honneur en 1829, officier en 1852, il mourut à Paris le 5 décembre 1862 et fut inhumé dans le cimetière de sa ville natale.

Marie-Agnès Gillot, "Augustin-Nicolas Caristie (1781-1862) : culture architecturale et carrière d’un grand prix de Rome", Bulletin de la Société d’études d’Avallon, t. 82, 2004, p. 37-74, ill.