LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1681 ● Décès d’Agnès de Bourgogne, duchesse d’Aquitaine, comtesse d’Anjou

Achevant probablement sa vie dans une abbaye qu’elle avait fondée, Agnès de Bourgogne, comme l’impératrice Adélaïde avant elle, fait partie de ces « grandes dames de l’an mil » qui furent toute leur vie très proches du monde monastique, jusqu’à en adopter in fine les observances. Dès l’enfance cette proximité fut marquante, Agnès étant la fille du comte de Bourgogne Otte-Guillaume et de la Champenoise Ermentrude de Roucy, sœur du puissant évêque Brunon de Langres. Otte-Guillaume était l’avoué de Saint-Bénigne de Dijon, dont Brunon était le patron ecclésiastique et le co-restaurateur. Haute noblesse et monachisme réformé se conjuguent donc d’emblée dans la vie d’Agnès. Son premier mari est le duc Guillaume V d’Aquitaine, ce qui lui vaut d’exercer la régence de cette immense et riche principauté pendant la minorité de son fils Guillaume VII. Veuve, elle est remariée à un grand du royaume tout aussi puissant et encore plus remuant : Geoffroy Martel, comte d’Anjou (qui était vers 1030 une personnalité d’un bien plus grand relief que le chétif capétien de Paris). Elle devient alors une grande fondatrice d’abbayes, tant masculines que féminines, destinées à un brillant avenir : la Trinité de Vendôme et surtout l’Abbaye-aux-Dames de Saintes, qui fut probablement pensée à la fois comme fondation pieuse et comme refuge pour les vieux jours d’Agnès. C’est sans doute là qu’elle meurt en 1068, non sans avoir eu la satisfaction de voir sa fille, nommée Agnès comme elle, monter sur le trône impérial par son mariage avec Henri III de Germanie. L’impératrice Agnès, dont le rôle dans l’histoire troublée de l’Église romaine est considérable, aura été une digne héritière de la pieuse et énergique comtesse Agnès.

Penelope Johnson, « Agnes of Burgundy : an XIth century woman as monastic patron », Journal of medieval history, t. 15, 1989, p. 93-104.