LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1870 ● Décès d’Abel Niépce de Saint-Victor, précurseur de la radioactivité

Claude-Félix-Abel Niépce de Saint-Victor, né le 26 juillet 1805 au hameau de Chazaut, commune de Saint-Cyr au sud de Chalon-sur-Saône, est un petit cousin de Claude et de Nicéphore Niépce. Entré à l’École royale de cavalerie de Saumur, à sa réouverture en 1825, Abel se destine à une carrière d’officier. En 1842, il est lieutenant au 1er régiment de dragons à Montauban et il met au point un procédé de « reteinture » au fustel (couleur orangée) des insignes de son régiment sans avoir à les refaire.   Encouragé par Chevreul, directeur des teintures à la manufacture des Gobelins, il est autorisé à installer un laboratoire dans la salle de police de la caserne, à ses frais, et il se livre à des expériences photographiques. Il fournit à Chevreul pour son premier mémoire à l’Académie des sciences des gravures « reproduites sur papier collé en cuve, sur enduit d’amidon, et sur des plaques métalliques ». Niépce utilise alors des produits qu’il se procure aisément dans l’atelier des Gobelins. Il présente ensuite sa collection de dessins et de gravures à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. En 1848, la Société lui décerne une médaille d’or « pour le perfectionnement de la photographie ».

Après la Révolution de février 1848, il reçoit le commandement de la caserne de la Garde républicaine de la rue Mouffetard où il peut reprendre ses recherches. En 1852, il obtient une très belle image d’une poupée aux habits très colorés mais il ne réussit pas à fixer les couleurs. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1849, il est nommé commandant du Palais du Louvre en 1854 et mis en retraite en janvier 1856.

Il observe un phénomène mystérieux qui va monopoliser son activité de recherche : l’impression, à distance, de plaques photo-graphiques exposées à du carton fortement imprégné d’une solution de nitrate d’uranium, préalablement insolé et conservé à l’obscurité, jusqu’à plusieurs mois, sans perte d’activité. En 1861, Abel se rallie à une hypothèse de Léon Foucault (1819-1868) consignée dans le Journal des débats du 5 janvier 1858 : « Il est probable que c’est un rayonnement invisible à nos yeux. » Personne ne prend Niépce au sérieux à l’époque et ses travaux sont dénigrés puis oubliés. Il meurt le 6 avril 1870 à Paris.

Il n’est jamais fait mention de la découverte de Niépce de Saint-Victor lorsque Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie obtiennent le Prix Nobel en 1903. Des recherches plus récentes en Allemagne, en France ou aux États–Unis montrent qu’il faut le considérer maintenant comme le principal précurseur de la radioactivité.