LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1771 ● Création du premier jardin botanique de Dijon

Bénigne Legouz de Gerland (1695-1774) était un éminent érudit ; comme en 1764 il avait donné son cabinet d’histoire naturelle à l’Académie de Dijon, il envisagea de doter sa ville du jardin botanique qu’elle méritait, car déjà de nombreux jardins avaient été réalisés en France depuis la création du premier à Montpellier en 1593, dans un grand mouvement général d’intérêt des élites pour les plantes locales ou issues des grandes expéditions. Il espérait reprendre le jardin de la belle propriété que Jacques Varenne de Béost, féru de botanique, possédait aux Argentières.

  1. Béguillet le décrit ainsi : « il y avait rassemblé à grands frais les plantes les plus rares, avec deux serres magnifiques pour celles qui ne pouvaient subsister sous nos climats […] il y avait un arboretum considérable, des serres chaudes, des bâtiments, une orangerie et un terrain assez considérable pour y faire des expériences en grand ». Mais les pourparlers n’aboutirent pas, aussi en 1771, Bénigne Legouz de Gerland acheta un terrain aux allées de la Retraite (actuel boulevard Voltaire) et, par acte du 13 février 1773, il fit « donation irrévocable à ladite académie d’un jardin des plantes et dépendances, à charge d’y faire des démonstrations publiques ». L’apothicaire Jacques Tartelin fut chargé d’organiser ce jardin et le docteur Jean-François Durande d’enseigner la botanique : il donna son premier cours le 20 juin 1773 et enseigna jusqu’en 1789, date à laquelle son fils lui succéda.

Le jardin d’une superficie de 2 journaux 2/3 (8 500 m2) comprenait quatre grands carrés plantés : un carré de plantes officinales et un carré de démonstration, un arboretum et un arboretum de démonstration. Bénigne Legouz de Gerland avait fait construire un bâtiment où se trouvaient le logement du jardinier et un grand salon pour tenir les conférences. En 1774, fut ajouté un appartement destiné au professeur et en 1775, Richard de Ruffey, président de l’Académie, fit édifier une serre chaude. L’initiative de Bénigne Legouz de Gerland contribua ainsi largement à l’essor des études botaniques. L’Académie s’efforça d’améliorer le jardin qui connaissait des difficultés d’alimentation en eau, aussi pour y remédier, dès 1792, il fut question de le transférer. Après la tourmente révolutionnaire, en 1833, une autre page s’ouvrait pour le jardin botanique de Dijon, désormais installé à l’ouest de la ville, au Jardin de l’Arquebuse, le long du Raines. – RHBD

 

Jean-François Durande, Notions élémentaires de botanique, avec l’explication d’une carte composée pour servir aux cours publics de l’Académie de Dijon, Dijon, Frantin, 1781, 368-XCVI p.