LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1521 ● Barthélemy de Chasseneuz accueille François Ier à Autun

Né à Issy-l’Évêque en 1480, Barthélemy de Chasseneuz débute sa formation de juriste à Dole et à Poitiers. Il termine ses études en Italie, à Turin en 1497 puis à Pavie où, en août 1502, il reçoit le bonnet de docteur. Quittant l’Italie pour échapper à la peste, il choisit le calme autunois pour poursuivre ses travaux. En 1508, il est avocat du roi au bailliage. Entre autorités civiles et religieuses, la vie locale génère souvent tensions et chicanes : autant, pour lui, de mémoires et de plaidoiries pour défendre les intérêts de ses clients. Le gagne-pain est assuré et Chasseneuz œuvre dans un milieu éminemment propice à ses travaux.

Juge et bailli de l’abbaye Saint-Martin d’Autun et du chapitre, il en assure la « justice de proximité ». Le 17 septembre 1517, paraît la première édition de ses Consuetudines ducatus burgundiæ, ouvrage qui lui vaut une grande notoriété en Bourgogne et dans les pays de coutumes. En 1529, il publie son Catalogus gloriæ mundi. Le 3 août 1521, Barthélémy de Chasseneuz, prononce la « harangue » (le discours) d’accueil de François Ier à Autun. De passage à Paris en 1531, le roi lui offre une charge de conseiller au parlement. Puis en août 1532, il le nomme président du parlement de Provence, charge que Chasseneuz assume pendant près de dix ans. En 1534, paraît une nouvelle édition de son Commentaire. La mort le surprend en 1541. De 1517 à 1647, en 130 ans, cet ouvrage connaît 21 éditions : premier travail véritablement développé sur l’ensemble d’une coutume.

Chasseneuz est un juriste de terrain, au fait de toutes les pratiques locales de sa province. Il donne des avis et fournit une multitude d’éléments sur des points passés sous silence par la coutume. Les praticiens des XVIe et XVIIe siècles disposent ainsi d’un instrument de travail bien documenté et argumenté. Formé aux écoles françaises et italiennes, il conçoit les spéculations abstraites, mais évite les dissertations pédantes. Ce besoin d’ordre et d’harmonie se retrouve aussi dans son Catalogus gloriæ mundi, reflet de sa formation d’humaniste, dans une vision hiérarchique du monde qui l’entoure. Avec les travaux de Taisant et du président Bouhier, aux XVIIe et XVIIIe siècles, Chasseneuz passe dans l’ombre. Son œuvre demeure cependant un élément important du XVIe siècle et contribue à la solidité de la grande maison du droit. Puissent ceux qui l’habitent, comme ses compatriotes autunois, se souvenir de son existence. – CDB

 

Christian Dugas de la Boissonny, « Chasseneuz », Dictionnaire historique des juristes français XIIe-XXe siècle, 2e éd. PUF, 2015 (« Quadrige »), p. 235-236.