LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1866 ● Histoire de Jules César de Napoléon III, parution du 2e tome

En ce milieu d’année 1866, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon vient de recevoir un envoi de Sa Majesté l’Empereur : le tome 2 de l’Histoire de Jules César. Le volume couvre la période de « La Guerre des Gaules d’après les Commentaires de César » (Chapitre 3, p. 1 à 300) dont deux épisodes concernent particulièrement les territoires éduens, lingons, et séquanes et les fouilles d’Alésia, les plus célèbres menées par l’Empereur : d’une part, la « Campagne contre les Helvètes An de Rome 696 » (58 av. J.-C.), p. 41 à 64, pl. 3 à 5, d’autre part, le chapitre « An de Rome 702 (Livre VII des Commentaires) » (52 av. J.-C.), p. 209-277 pl. 22-26 où le Siège d’Alésia est largement évoqué p. 256-277. Mais l’on reste surpris du peu de référence aux fouilles impériales qui durèrent cinq ans et mobilisèrent des moyens si importants : cela est dû au propos même du livre, Napoléon y a exposé les conclusions qu’il a tirées des fouilles plutôt qu’il ne les a décrites elles-mêmes. Cependant on y trouve l’affirmation de la localisation de l’oppidum de Bibracte sur le Mont Beuvray ; d’après des archives originales, on sait aussi que les planches des détails des travaux romains devant Alésia sont issues des dessins de Paul Millo.

Des notes diverses sur les découvertes d’armes et de monnaies faites à Alise rapportent des listes fournies par Victor Pernet, p. 272, 276, notes 1 et Appendice C, et prouvent le sérieux des recherches entreprises.

Cet ouvrage demeure la partie visible d’une immense entreprise de mécénat archéologique comme la France n’en connaîtra jamais plus. L’Empereur, avait su s’entourer des meilleurs savants de son temps afin de rassembler une documentation philologique et archéologique et vérifier le plus possible sur place les lieux mentionnés dans les écrits du Proconsul en Gaule et bien au-delà, pour retracer sa carrière dans l’ensemble du monde Méditerranéen, en Italie et à Rome. Cette documentation était considérable : en 1880, le Colonel Stoffel s’était procuré 2 570 documents ou dossiers, parmi lesquels des plans et des dessins des lieux explorés. Les collaborateurs de l’Empereur sont peu ou pas mentionnés dans l’ouvrage, mais des travaux historiographiques récents permettent de mieux les connaître. Ainsi, un des auteurs des planches a pu être identifié : Gustave Brion, peintre remarqué aux salons de 1861 et 1863, auteur, entre autres, des aquarelles de Gergovie (pl. 20), d’Alésia (pl. 24) et d’Uxellodunum (pl. 30) ; il narre de manière plaisante son séjour à Alise, très contrarié par la pluie.

Si la maladie, les difficultés de la fin du règne et la chute de l’Empire ont empêché Napoléon III de terminer son œuvre, la suite prévue de l’ouvrage, concernant la Guerre civile, a été écrite par Eugène Stoffel, son fidèle et infatigable « missionnaire archéologique » : les tomes 3 et 4 de l’Histoire de Jules César ont paru en 1887, quatorze ans après le décès de l’Empereur.

Joël Le Gall, Fouilles d’Alise-Sainte-Reine 1861-1865, 2 vol. Paris, 1989, XX-332 p., ill. (« Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres », 9) ; - Actes du colloque Napoléon III et l'archéologie : une politique archéologique nationale sous le Second Empire [château de Compiègne, 14-15 octobre 2000], « Bulletin de la Société historique de Compiègne », t. 37, 2001, p. 1-303, ill. ;- Alain-Georges Ravel, Stoffel, un homme-lige de Napoléon III, Thélès, 2004, p. 47-80 et p. 257-298 ; - Hélène Chew avec la collaboration d’Élisabeth Rabeisen, « Gustave Brion, illustrateur d’archéologie, ou le ‘‘désigneux de l’Empereur’’ », Cahiers alsaciens d’archéologie d’art et d’histoire, t. 47, 2004, p. 151-167.