LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

120 ● Alliance de Rome et des Éduens

La plus ancienne mention des aidousioi (les « ardents » ?) vient d’un texte d’Apollodore d’Athènes : lors de la guerre menée en -121 par Domitius Ahenobarbus pour libérer les Éduens de l’emprise des Arvernes et des Allobroges, les Romains et les Éduens étaient déjà alliés. Ainsi les Éduens existent de source sûre au moins depuis 141, mais les circonstances de cette alliance restent inconnues : d’après César, les Éduens sont alliés de longue date avec le peuple romain et qualifiés du titre prestigieux de « frères de sang ».

L’archéologie a montré qu’un important changement politique et économique arrive à son terme au même moment en Gaule. Les royautés du IIIe siècle ont fait place à un régime aristocratique qui installe son autorité à l’abri des oppida. L’abandon de l’étalon-or au profit de l’étalon-argent par certains peuples indique qu’ils entrent dans l’orbite du commerce romain déjà bien établi en Gaule où circulent de nombreux commerçants italiens à partir de la province de Transalpine.

Ces liens très forts permettent aux Éduens de devenir la première puissance de Gaule ; en cela ils constituent une menace pour les peuples voisins, dont la rivalité commerciale n’est pas la moindre, les Éduens percevant des taxes sur le trafic routier et fluvial ; les Romains ne manqueront pas d’en tirer profit. Autour de 120, les Éduens occupent en position stratégique un large territoire ouvert sur les grands axes de circulation et de commerce grâce à la Loire, la Saône et l’Yonne ; ils ont créé leur capitale sur l’oppidum de Bibracte (Mont-Beuvray) ; Chalon-sur-Saône (Cabillonum) est leur grande place commerciale. Ils forment avec leurs voisins et clients une puissante confédération, rivale du peuple Arverne, mais aussi des Séquanes avec qui ils partagent leur frontière le long de la Saône.

Deux générations plus tard, en 52 avant J.-C., le ralliement des Éduens à la coalition menée par l’Arverne Vercingétorix bafoue cette alliance traditionnelle, mais César par sa – relative – clémence permet aux nobles Éduens de jouer un rôle important dans la romanisation de la Gaule.

Christine Delaplace, Jérôme France, Histoire des Gaules (VIe siècle av. J.-C./ VIe siècle ap. J.-C.), Armand Colin, 1997, 189 p. (« Cursus ») ; - Christian Goudineau Regard sur la Gaule, Errance, 1998, 366 p., ill.