LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1871 ● Percement de la rigole navigable d’Arroux

Le canal du Centre, dans ses derniers kilomètres du versant ligérien, a toujours manqué d’eau par la nature très poreuse des sols au milieu desquels il passait. Dès 1852, un projet de rigole prenant les eaux dans l’Arroux à Gueugnon et les portant jusqu’en amont de l’écluse 27, dite « du Paradis » (commune de Vitry-en-Charollais), est envisagé. Le projet, qui présente une simple rigole d’alimentation au parcours sinueux, n’est pas suivi d’effet et au cours des années 1860, le maître de forges gueugnonnais Campionnet, par deux fois, défend l’idée d’une rigole qui apporterait à la fois les eaux au canal du Centre mais serait également navigable (à un gabarit équivalent à celui du canal de Berry), pour le plus grand avantage de ses aciéries. Industriel et homme politique, Campionnet parvient à convaincre. La rigole navigable est reconnue d’intérêt public en 1866, les plans définitivement approuvés en août 1869. Les travaux ne débutent qu’en 1870 et sont quasiment aussitôt interrompus pour raison de guerre franco-prussienne. Le chantier, dirigé par des entrepreneurs locaux, ne prend son plein développement qu’en 1871. Pour modeste que soit le canal (14 km de long), il n’en jouit pas moins très vite d’une grande réputation auprès du corps des ponts et chaussées.

C’est en effet sur ce canal qu’est lancé au-dessus de la Bourbince le second premier pont-canal en fer de France (un premier avait été jeté sur l’Albe en 1866 mais cette région avait été perdue en 1871 au bénéfice du Reich). La mise en eau eut lieu en 1874 mais un incident (éventrement d’un bief mal étanché) reporta l’ouverture d’un an. – PhM

 

Jean-Pierre Foulon, « La Rigole de l’Arroux », Les Échos du passé, n° 74, 1995 ; – Philippe Ménager, « La Rigole de l’Arroux, petit canal mais grand patrimoine », En Bourgogne, n°23, juin-juillet 2012, p. 70-75, ill. ; – Philippe Ménager, Les canaux bourguignons, histoire d’un patrimoine, Viévy, L’Escargot savant, 2009, 416 p., ill.