LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1770 ● Décès de l’architecte Jean-Antoine Caristie

Jean-Antoine Caristie nait en 1719 à Borgosesia, village de la vallée de la Valsesia, en Piémont. De cette région sont issus des maçons, des tailleurs de pierre, des stucateurs, dont certains, poussés par la pauvreté, sont contraints d’émigrer. Le surnom « Carestia » adopté par l’ancêtre de Jean-Antoine, vers 1500, qui signifie disette ou famine, est révélateur. Le premier Caristie connu en Bourgogne, Michel, s’y installe en 1685. Sa descendance, fidèle à la tradition, donnera des entrepreneurs et des architectes jusqu’en 1862, parmi lesquels, son petit-fils, Jean-Antoine. Celui-ci épouse Marie Julie Bianchetti en 1749 dans leur village natal, puis s’installe à Dijon, où le couple se fait naturaliser. Parmi leurs 7 enfants, 3 deviendront architectes. Il reçoit des lettres de maîtrise en 1757 et entretiendra des relations d’affaires ou amicales avec les principaux représentants de sa corporation.

À Saulieu, où débute sa carrière en 1748 par la construction de l’hôpital avec son père Michel-Ange, il fournit des projets de buffet d’orgue et de mobilier pour l’église Saint-Andoche, 1756 (non exécutés) et en réédifie le clocher, 1759. Son projet pour la mairie de cette ville, 1758, ne sera pas honoré d’une commande. On lui doit les plans des châteaux de Gerland, 1748, Perrigny à Pouilly-sur-Saône, 1761 (avec Edme Verniquet ?), Belleneuve, 1762, Blaisy (ponts dormants), 1762, la construction de celui de Talmay, sur les plans de Claude-Louis d’Aviler, 1757-1768, le bâtiment longeant la grande cour du château de Champlitte. Outre le clocher de Nolay, 1761-1765, il construit, sur ses plans, les églises de Chassagne-Montrachet, 1763, Beneuvre, 1765-1766, répare le chœur et la charpente de celle de Saint-Jean-de-Bœuf, en construit la sacristie, vers 1763, édifie celle de Pommard, sur les plans de Charles-Élie Le Jolivet, 1753-1757. Il est cité sans doute comme entrepreneur pour la nouvelle abbaye de Cîteaux avec Nicolas Lenoir, 1762,  puis édifie, sur ses plans cette fois, l’abbaye bénédictine Saint-Vivant de Vergy, 1766. On le retrouve aussi à Langres : édification de la façade de la cathédrale Saint-Mammès, sur les plans de Claude-Louis d’Aviler, 1761-1768, plans de l’hôpital de Saint-Laurent, 1769 et dans sa région : construction du château de Piépape, 1768-1770.

Auxonne lui doit ses casernes et le polygone d’artillerie, 1764-1766. À Dijon, il bâtit son hôtel particulier, 28 rue Pasteur actuelle, 1760 (modifié par son fils Jacques II en 1779). Architecte de talent, ses constructions de style classique, d’un caractère probe, présentent un caractère simple et élégant par leur modénature équilibrée et une stéréotomie soignée, voire une certaine monumentalité.

Léa Pia-Lachapelle, « Les Caristie », Mémoires de la commission des antiquités de la Côte-d’Or, t. 29, 1976, p. 229-235 ; - Jean de Piépape, Le château de Piépape, Lavergne, 1939, p. 33-53 ; - Vignier (F.) Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne Nivernais, Berger-Levrault, 1980 ; - S. Laveissière, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art de Bourgogne, t. 1, De Nobele, 1980, p. 94-95.